
Il est souvent plus captivant de croire à une légende bien construite qu’à la réalité nue. Le mythe de Bruce Lee n’échappe pas à cette règle, car derrière l’homme extraordinaire, plusieurs idées reçues persistent. Son agilité exceptionnelle et sa grâce dans la série télévisée des années 1960 The Green Hornet témoignent déjà de son immense talent, mais sa mort prématurée à 32 ans a nourri des récits fascinants, parfois plus romancés que factuels.
Les vérités derrière certains mythes autour de Bruce Lee
Le « Spruce Lee » : Contrairement à la croyance populaire, Lee n’a jamais évité l’alcool par simple discipline. En réalité, il éprouvait une réaction physiologique désagréable après en avoir consommé, un phénomène courant chez environ 35 % des personnes d’origine asiatique. Il devenait alors rouge et malade, sauf avec le saké qu’il tolérait mieux. En revanche, Lee appréciait le cannabis. Après une longue journée d’entraînement, il se relaxait parfois avec une cigarette improvisée ou du haschisch, expliquant que cela élevait son niveau de conscience. Cette habitude le distinguait et dérangeait parfois ses partenaires d’entraînement, comme un expert en judo qui cessa de s’entraîner avec lui à cause de la fumée ambiante. Son style vestimentaire à cette époque reflétait aussi cette période de liberté : cheveux longs, colliers de perles et dashikis.
Un génie kinesthésique pas exempt de failles : Lee était reconnu mondialement pour son lien presque surnaturel avec son corps, capable d’apprendre rapidement n’importe quel style de combat tout en étant un champion de danse de salon. Pourtant, il n’a jamais su nager et fut même déclaré médicalement inapte pour la conscription, un fait peu connu qui humanise cet homme presque mythique. Sa fille Shannon a d’ailleurs rappelé son tempérament impulsif et son exigence, des traits bien humains qu’il savait toutefois maîtriser avec humilité après coup.
Le parcours de Bruce Lee vers les États-Unis est également souvent idéalisé. Loin d’être un immigrant pauvre débarquant de nulle part, il venait d’une famille respectée à Hong Kong, dont le père, star de l’opéra chinois, lui avait donné un accès privilégié au monde du cinéma dès l’enfance. Il avait déjà tourné une vingtaine de films avant même son arrivée sur le sol américain.
La mort et les mythes qui l’entourent

La série télévisée Kung Fu, souvent associée à Bruce Lee, n’était pourtant pas son projet à l’origine. Elle fut créée par deux scénaristes de Brooklyn et le rôle principal fut finalement confié à David Carradine. Quant à la mort mystérieuse de Lee, de nombreuses hypothèses ont circulé, y compris des théories d’assassinat liées à des secrets anciens des arts martiaux ou à son enseignement aux Occidentaux.
Le décès de Bruce Lee, causé par un œdème cérébral, s’est produit dans l’appartement d’une actrice à laquelle il n’était pas marié, ce qui a contribué à alimenter les spéculations. Si l’origine exacte de cette condition reste inconnue, beaucoup pensent qu’il s’agissait d’un coup de chaleur. Lee répétait intensément des scènes d’action sous une chaleur accablante à Hong Kong, ce jour-là. Selon son biographe Matthew Polly, il est peu probable que d’autres causes plus mystérieuses soient à l’œuvre.
