Sommaire
- Ce jeudi, la participation d’Israël à l’Eurovision 2026, qui se tiendra en mai à Vienne (Autriche), a été officiellement confirmée à l’issue de l’assemblée générale de l’Union européenne de radiotélévision (UER) à Genève (Suisse).
- Pour Israël, c’est une victoire. Pour l’Autriche et l’Allemagne, c’est un soulagement.
- Quatre pays ont, pour l’heure, annoncé qu’ils boycotteront l’Eurovision : l’Espagne, les Pays-Bas, l’Irlande et la Slovénie.
Le maintien d’Israël au concours Eurovision de la chanson provoque le boycott d’au moins quatre pays et marque une crise inédite pour ce rendez‑vous créé en 1956. La présidente de l’Union européenne de radiotélévision (UER), Delphine Ernotte, a salué les contributions « réfléchies, respectueuses et constructives » des membres après la première journée de l’assemblée générale à Genève, tentant d’atténuer l’onde de choc.
Les mois précédant le vote ont été marqués par de fortes tensions entre diffuseurs sur la question du maintien ou de l’exclusion d’Israël. « L’UER et la direction de l’Eurovision s’apprêtent à faire vivre à l’organisation la plus grande crise interne de son histoire. On n’aurait jamais dû en arriver là », a écrit sur X José Pablo Lopez, le président de la chaîne publique espagnole RTVE. Cette tempête laissera des traces ; il est toutefois trop tôt pour en mesurer toutes les conséquences.
Une validation pour Israël
Le président israélien Isaac Herzog a rapidement réagi après le vote qui a garanti la présence du pays à l’Eurovision 2026 : « L’État hébreu mérite d’être représenté sur toutes les scènes du monde. J’espère que cette compétition restera un événement qui promeut la culture, la musique, l’amitié entre les nations et la compréhension culturelle transfrontalière. »
Sur le plan géopolitique, cette confirmation signifie que, symboliquement, Israël demeure intégré au grand concert des nations. Pour un pays de dix millions d’habitants, le concours représente une vitrine et un instrument de soft power. Les deux dernières candidatures israéliennes — Yuval Raphael en 2025, interprète d’une ballade faisant écho à l’attaque du 7 octobre, et Eden Golan en 2024 — étaient des pièces émotionnelles dont le texte et la mise en scène renvoyaient à ce contexte tragique.
Un soulagement pour l’Autriche et l’Allemagne
L’Autriche, hôte de l’Eurovision du 12 au 16 mai à Vienne, peut pousser un soupir de soulagement : elle refusait de mettre en cause la participation d’Israël. Face aux appels au boycott exprimés depuis la fin de l’été par certains diffuseurs, les autorités autrichiennes ont estimé qu’il revenait à chaque démocratie de décider de sa participation. Roland Weissmann, directeur général du diffuseur autrichien ORF, a plaidé en novembre pour la diplomatie afin de convaincre le plus grand nombre de diffuseurs de participer.
Le soutien le plus net à la présence d’Israël est venu d’Allemagne. Alors que des interrogations avaient été exprimées, le ministre allemand de la Culture a affirmé mercredi : « Il ne peut pas y avoir d’Eurovision sans Israël. »
L’Espagne, les Pays‑Bas et l’Irlande, des places fortes qui partent
« Ce qu’il s’est passé à l’assemblée générale de l’UER confirme que l’Eurovision n’est pas un concours de chansons mais un festival dominé par des intérêts géopolitiques et fracturé », a tweeté José Pablo Lopez, dénonçant la tournure prise par les débats. L’Espagne est le pays le plus offensif parmi les opposants à la participation de l’État hébreu et a officiellement annoncé son boycott si Israël reste en lice.
L’absence de l’Espagne en mai ne sera pas anodine : elle fait partie des cinq plus gros contributeurs financiers du concours — aux côtés de l’Allemagne, la France, l’Italie et le Royaume‑Uni —, les fameux « Big 5 » dont le soutien permet à des pays moins riches de concourir et qui bénéficient d’une place garantie en finale. Son retrait affectera à la fois l’équilibre financier et la ferveur, le public espagnol étant parmi les plus mobilisés de la sphère Eurovision.
Le cas des Pays‑Bas est proche : sixième contributeur le plus important, le pays est également une étape clé du calendrier pré‑Eurovision avec le spectacle Eurovision in Concert, organisé chaque avril à Amsterdam. À ces retraits s’ajoutent ceux de la Slovénie et de l’Irlande. L’absence de l’Irlande, détentrice du record de victoires (sept, à égalité avec la Suède), aura une portée symbolique forte. Les retours annoncés de la Bulgarie, de la Roumanie et de la Moldavie ne compenseront vraisemblablement pas ces départs.
L’adage « nul n’est irremplaçable » se vérifiera‑t‑il en mai ? Le déroulement du concours le dira, mais il est probable que la crise ne fait que commencer.
