Festival de Cannes 2025 : Politique et beau cinéma en palmarès

par Olivier
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Festival de Cannes 2025 : Politique et beau cinéma en palmarès
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De notre envoyée spéciale à Cannes, Caroline Vié

« Ce n’était pas qu’un prix politique », a affirmé Juliette Binoche, présidente du jury du Festival de Cannes, en remettant la Palme d’or à Jafar Panahi pour son film Un simple accident. Lors de cette 78e édition, la politique et l’état du monde étaient au cœur des préoccupations, une orientation reflétée dans le palmarès qui récompense des œuvres engagées et puissantes.

Juliette Binoche explique : « On a grandi ensemble, pas seulement sur le cinéma mais sur notre sensibilité d’artistes. On s’est aidés pour tenter d’établir le meilleur palmarès possible ». Cette unité et ce sérieux étaient palpables lors de la conférence de presse qui a suivi la cérémonie.

Une évidence pour la Palme d’or

Un simple accident, lauréat de la Palme d’or 2025, narre l’histoire d’un ancien prisonnier politique qui kidnappe l’homme qu’il considère comme son bourreau. Juliette Binoche souligne l’évidence que dégage ce film issu d’un contexte de résistance et de survie : « L’art et l’humain gagneront toujours ». La romancière Leïla Slimani partage ce choix, qualifiant l’œuvre d’« un récit plein de grâce, qui montre quelqu’un qui privilégie l’intégrité plutôt que la vengeance ». Au-delà de son message engagé, les qualités cinématographiques du film sont remarquables.

Jafar Panahi, en évoquant sa démarche, confie : « Pour moi et ma génération, le cinéma est primordial. Nous avons mis tout ce que nous pouvions pour réaliser les films que nous souhaitions sans jamais laisser personne nous imposer quoi que ce soit. Nous cherchons des solutions pour mettre un terme à cette spirale de violence ».

L’Agent secret de Kleber Mendonça Filho, récompensé pour la mise en scène et pour son acteur Wagner Moura, explore la politique et la corruption au Brésil dans les années 1970. Ce thriller d’espionnage mêle habilement suspense et critique sociale. De son côté, Jeunes mères des frères Dardenne, récompensé pour le meilleur scénario, offre une immersion dans le quotidien d’une maison maternelle où se réfugient des adolescentes enceintes. « Nous avons filmé des personnes vulnérables, tout en défendant les services publics menacés par les coupes budgétaires », expliquent-ils.

Lutter contre l’intolérance

La Petite dernière, film d’Hafsia Herzi honoré pour la performance de la jeune actrice Nadia Melliti après avoir obtenu la Queer Palm, aborde les thèmes de la foi et de l’homosexualité. La réalisatrice souhaite « rendre les gens plus tolérants, car tout le monde peut s’identifier à l’héroïne ». Ce long-métrage a profondément marqué la Croisette.

Oliver Laxe, lauréat du Prix du jury pour Sirāt, insiste : « Il n’y a rien de plus politique que de toucher un être profondément ». Lors de la cérémonie d’ouverture, Robert de Niro avait rappelé que « les nazis doivent avoir peu de l’art », un message repris par le comédien Jeremy Strong, membre du jury, qui souligne que les films présentés au Festival l’ont profondément transformé. Cette émotion fut également vécue par de nombreux festivaliers, touchés par la richesse et la force de cette sélection.

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