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Julian Fellowes vit à Downton Abbey depuis seize ans. Le scénariste a créé la série, qui a ensuite donné lieu à deux longs métrages sortis en 2019 et 2022. Comme son titre l’indique, Downton Abbey III : le grand final, réalisé par Simon Curtis, est présenté comme l’ultime volet de cette saga très britannique.
« Il était temps », confie Julian Fellowes. « Ce millefeuille narratif, qui suit à la fois les maîtres et les domestiques du domaine, m’a apporté de grandes joies, mais il faut savoir dire au revoir. »
Dans ce film volontairement nostalgique, la famille Crawley affronte de graves difficultés financières et voit son statut social menacé. Cela n’empêche pas les personnages de garder la tête haute face à l’adversité. « Le succès de la série tient à l’attachement du public aux protagonistes », explique le scénariste. « Nous leur avons présenté un groupe de personnes attachantes qu’ils ont eu envie de suivre au fil des années. Les spectateurs voulaient voir comment ils s’adaptent aux évolutions de la société. »
Une famille de substitution
Plus que de simples héros de fiction, les personnages de Downton Abbey ont pris une place importante dans la vie des fans. « Pour certaines personnes, ils faisaient un peu office de famille adoptive », souligne Julian Fellowes. Chacun avait ses favoris et le public appréciait aussi que la série évite la gratuité de la violence.
La série peut pourtant se montrer cruelle, comme l’illustre le décès récent de Lady Violet, interprétée par Maggie Smith, décédée en 2024 — dernier opus qui lui est dédié. « Nos récits fonctionnent comme la vie », insiste le scénariste. « Il y avait des moments drôles et d’autres moins. Je pense que cela explique aussi beaucoup. »
Fellowes a été le premier public de son propre travail. « Quand j’ai commencé à écrire cette histoire, je ne savais pas comment elle allait se terminer », se souvient-il. « C’est difficile à imaginer aujourd’hui, mais je ne pouvais pas deviner que cela allait durer si longtemps. » Ce dernier volet lui a brisé le cœur : « J’ai versé une larme en voyant le film. Je l’ai écrit il y a longtemps et, ayant travaillé sur d’autres choses depuis, j’avais eu le temps d’oublier certains moments et d’en être ému de nouveau. »
À 76 ans, Julian Fellowes reste très actif, notamment avec la série The Gilded Age.
Vraiment le dernier ?
Si Fellowes ne se voit pas réellement reprendre le chemin de Downton Abbey, il avoue cependant une certaine tentation. « Je crois qu’on pourrait refaire une série sur le même principe », confie-t-il. « Elle se déroulerait aussi dans une maison et montrerait comment les habitants se débrouillent à l’époque actuelle. Cela pourrait faire de la bonne télévision et m’amuserait encore beaucoup. »
Il avait expérimenté ce concept dès le début des années 2000, notamment avec Gosford Park de Robert Altman.
« Je pense que la recette d’une série réussie consiste à trouver des occasions pour faire se rencontrer des gens venus de différents milieux de façon crédible », poursuit-il. « Cela peut être un hôpital, un poste de police, un bureau d’avocats ou une maison. Tout le monde partage le même lieu, mais chacun a des motivations et réagit différemment face à un événement. »
Un scénariste star
Fellowes s’amuse à faire dire à l’un de ses personnages que le scénariste est la véritable star d’un film. « Il le dit puis finit par penser le contraire », commente-t-il. Pour sa part, il sait qu’il s’agit d’un processus collectif. « Nous avons eu la chance de pouvoir engager les interprètes et les techniciens que nous voulions. Nous sommes alors devenus une famille qui me manque déjà. »
Les fans partagent ce sentiment, tant ils ont l’impression de faire partie de cette famille élargie.
