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Fiche d’identité
- Kim Novak a été reçue avec enthousiasme à Deauville.
- La star de 92 ans venait aussi présenter un documentaire sur sa carrière.
- Elle a abandonné le cinéma pour se consacrer à la peinture.
Il y a des stars qu’on n’imagine pas, un jour, « rencontrer en vrai » tant elles sont mythiques. Kim Novak fait partie de celles-ci. La comédienne, notamment connue pour Sueurs froides (1958) d’Alfred Hitchcock, est aujourd’hui âgée de 92 ans. Elle a reçu un Prix d’honneur au Festival de Deauville ce week-end des mains du danseur et chorégraphe français Benjamin Millepied.
« Je me suis demandé pourquoi on m’accueillait avec ces honneurs à Berlin, à Venise puis à Deauville, confie l’actrice. J’ai fini par arriver à la conclusion que je dois mériter les hommages que je reçois. » Kim Novak a quitté Hollywood depuis plusieurs décennies et se consacre maintenant à la peinture.
Contrôlée par les studios
Celle qui fut aussi dirigée par Billy Wilder, Otto Preminger, Robert Aldrich et Richard Quine en avait tout bonnement assez de n’être appréciée que pour son apparence. « J’envie les comédiennes actuelles qui peuvent faire ce qu’elles veulent de leur physique et de leur vie, avoue-t-elle. À mon époque, chaque détail de notre existence était contrôlé par les studios. » Elle a même dû changer de prénom car elle s’appelait Marilyn.
Elle a également été contrainte de renoncer à sa relation avec le chanteur Sammy Davis Jr en 1957. « C’était une véritable histoire d’amour. Nous nous comprenions car nous étions, d’une certaine manière, l’un comme l’autre, victime de notre physique obligée de nous battre pour tenter de nous faire respecter. J’espérais pouvoir aider à changer les mentalités mais cela a été un échec cuisant. Le racisme était plus fort que nous, soupire-t-elle, visiblement émue. Il a reçu des menaces de mort parce qu’il sortait avec une femme blanche. Nous avons dû arrêter de nous voir et il a été obligé d’épouser très vite une femme noire pour calmer les choses. »
Un corps sans voix
Son physique sublime semble avoir été une malédiction tout autant qu’une chance pour Kim Novak. « Il vient un moment où vous vous lassez de n’être qu’un corps à qui personne ne donne la parole, dit-elle. Les regards flatteurs deviennent pesants. On a juste envie d’être écoutée pas seulement regardée. » Le documentaire Kim Novak’s Vertigo d’Alexandre O. Philippe, présenté à Deauville, lui permet de parler librement de sa carrière comme de son art. Elle se demande maintenant ce que donnera un biopic qui lui est consacré.
« Les producteurs ont commencé par se dire qu’ils allaient attendre ma mort, plaisante-t-elle. Mais comme ce scénario traîne depuis dix ans et que je suis toujours là, ils ont décidé qu’il y avait prescription. J’espère qu’ils raconteront les choses de façon exacte bien que j’aie des doutes à ce sujet. » Pour sa part, Kim Novak ne se voit pas reprendre le chemin des plateaux. « Cela pourrait me tenter intellectuellement mais je crois que j’aurais trop de mal à mémoriser mon texte », avoue-t-elle.
Un potentiel gâché
Sa création passe aujourd’hui par ses tableaux. « J’aurais aimé être réalisatrice, déclare-t-elle. Mes toiles me permettent d’obtenir un contrôle que le cinéma ne m’a jamais donné et ce type de contrôle ne s’abandonne pas facilement. Il m’arrive parfois quand je regarde un film, de me dire que je l’aurais tourné différemment. La création est ma nature. » Là encore, elle estime qu’il est trop tard pour essayer. Elle est pleine de vie, heureuse de parler à la presse qui lui permet, enfin, de s’exprimer.
« Vous me faites un beau cadeau en m’écoutant. C’est génial de voir des femmes journalistes. Pour reprendre une expression de ma mère, vous êtes le capitaine de votre bateau et j’ai l’impression que vous savez où vous allez », dit-elle. L’impression qu’on a en quittant Kim Novak est celle d’un potentiel gâché. Malgré sa fort belle carrière, elle n’a jamais eu l’opportunité de s’épanouir pleinement.