Vers 1980, John J. B. Wilson assista à une double séance pour 99 cents, une expérience si décevante qu’il demanda à se faire rembourser son billet. Lors d’une interview avec le Hollywood Reporter, il se souvint que les films projetés étaient Xanadu et la comédie musicale disco Can’t Stop The Music des Village People, ce qui rendait son désarroi d’autant plus compréhensible. Néanmoins, le cinéma refusa de lui rembourser son ticket.
Sur le chemin du retour, Wilson réfléchit à cette injustice : alors que les récompenses célèbrent les meilleures œuvres cinématographiques, les pires restaient ignorées. Bouleversé, il se lança dans une idée folle. Un dîner participatif fut organisé, un podium en carton fabriqué, et le 31 mars 1981, la toute première cérémonie des Golden Raspberry Awards, plus connus sous le nom de Razzies, eut lieu dans son salon.
Ce fut l’équivalent d’une moisson facile, récompensant le pire du cinéma, mais avec un clin d’œil espiègle.
Ce qui avait commencé comme une plaisanterie entre amis devint rapidement un rendez-vous incontournable de la satire hollywoodienne. Dès sa quatrième édition, la cérémonie fit l’objet d’un reportage sur CNN.
Un tournant marquant fut la participation de Bill Cosby en 1988. Il devint le premier célèbre à accepter officiellement un Razzie, allant jusqu’à faire fabriquer le trophée en or et marbre italien, une transformation du prototype en carton. Cette acceptation fit du Razzie un étrange symbole de bravoure pour les acteurs et cinéastes prêts à assumer leurs échecs. En 2005, Halle Berry fit sensation en montant sur scène pour un discours de huit minutes après avoir reçu son prix pour Catwoman, usant de mots acerbes qui auraient presque mérité une révision à la hausse de la classification du film.
De ses débuts modestes, les Razzies sont devenus une tradition de la saison des récompenses, célébrant en 2020 leur 40e édition. Ce fut une année particulière, devant marquer la première diffusion télévisée de la cérémonie, annulée en raison de la pandémie de coronavirus, les résultats ayant alors été annoncés sur YouTube.