Petite par la taille mais immense par la voix, Judy Garland incarnait une magie cinématographique rare — lorsqu’elle apparaissait à l’écran, le regard ne voulait plus se détourner d’elle. Née Frances Gumm le 10 juin 1922, elle mesurait seulement 1,50 mètre mais semblait ne jamais vraiment grandir. Son destin fut façonné dès l’enfance, sous l’impulsion d’une mère qui, après une carrière modeste dans le spectacle, poussait ses filles à chanter et danser, rêvant d’une réussite éclatante, quoi qu’il en coûte.
De nombreuses critiques pointent du doigt le studio MGM, qui l’engagea à 13 ans, pour l’avoir rendue dépendante aux médicaments. Pourtant, selon la biographie Get Happy de Gerald Clarke, cette addiction aurait commencé sous l’influence de sa mère, soucieuse de maintenir ses filles éveillées et performantes lors des auditions. MGM, quant à lui, ne fit qu’amplifier cette dépendance : les pilules maintenaient les artistes jeunes, énergiques et minces, bien que Judy n’ait jamais eu l’impression d’être assez mince. Louis Mayer, alors figure paternelle à ses yeux, la surnommait même « mon petit bossu ». Malgré tout, elle connut un long parcours sous le régime de Metro, enchaînant comédies musicales avec un autre prodige, Andy Rooney.
Son rôle le plus marquant reste sans doute Le Magicien d’Oz, où elle livre une prestation bouleversante avec « Over the Rainbow ». Ce morceau devint son hymne pour toute sa vie et lui valut un Oscar de la meilleure jeune actrice. Selon LA Times, Judy touchait alors 500 dollars par semaine, moins que ses trois co-stars principales. À noter qu’elle gagnait néanmoins plus que le chien qui jouait Toto, gratifié de 125 dollars hebdomadaires.
Après le cinéma, Judy Garland se lança dans l’enregistrement d’albums et de tournées mondiales, ainsi que quelques apparitions télévisées. Cependant, les revenus s’envolaient au fil du temps. Ces difficultés financières résultaient de contrats désavantageux la laissant surmenée et mal rémunérée, de malversations de ses gestionnaires et époux, ainsi que de sa propre incapacité à gérer ses finances. À cela s’ajoutait une dépendance qui compromettait de plus en plus la qualité de ses performances. Finalement,
la star talentueuse et tourmentée se retrouva ruinée, avec sa maison saisie et des dettes considérables envers des sociétés de gestion et le fisc. Selon Fox News, elle devait près de 4 millions de dollars (soit plus de 25 millions en valeur actuelle) au moment où elle s’envola une dernière fois « au-delà de l’arc-en-ciel ». Judy Garland s’éteignit en 1969, à seulement 47 ans, des suites d’une overdose de barbituriques.