Le tribunal judiciaire de Paris a ordonné le blocage du site Japscan, une des principales plateformes pirates de mangas, ainsi que de ses nombreux sous-domaines accessibles en France. Cette mesure émane d’une procédure initiée par le Syndicat national de l’édition (SNE) et contraint les fournisseurs d’accès à Internet – Bouygues Télécom, Free, SFR et Orange – à mettre en place toutes les actions nécessaires pour empêcher l’accès au site japscan.lol, notamment par le blocage des noms de domaine et sous-domaines associés, et ce pour une durée de 18 mois.
Spécialisé dans les mangas, manhwas (bandes dessinées coréennes), manhuas (bandes dessinées chinoises), bandes dessinées et comics, Japscan proposait près de 13 000 titres accessibles sur le territoire français, au mépris des droits des auteurs et des éditeurs, dénonce le SNE. Le site attirait chaque mois plus de 690 000 visiteurs uniques en France, un trafic important représentant une menace directe pour les maisons d’édition.
Plus de 80 % des lecteurs privilégient les sites pirates
Cette action judiciaire vise à combattre un phénomène massif. D’après une étude menée par Mangas.io en 2025, 83 % des lecteurs de mangas consultent des sites pirates. Cette pratique a un impact conséquent : elle fragilise directement les ventes des éditeurs dans un marché en déclin. En 2024, les ventes du secteur éditorial des mangas ont chuté de 9,3 % en volume, précise le syndicat qui regroupe plus de 720 maisons d’édition françaises.
Vincent Montagne, président du syndicat, souligne l’engagement actif du SNE contre le piratage. Recemment, deux décisions judiciaires ont déjà permis de bloquer le site Z-Library. Cette nouvelle réussite confirme la détermination du syndicat à défendre les droits d’auteur chaque fois qu’ils sont menacés.
Un marché du manga en forte baisse
Le syndicat évoque également le contexte technique particulier dans lequel la plateforme évolue, offrant à ses responsables anonymat et quasi-impunité. De son côté, Japscan affirme sur son site que les contenus hébergés sont des traductions non officielles réalisées par des fans dans un but strictement informatif. Le site encourage vivement à acheter les versions officielles disponibles dans chaque pays, afin de soutenir les créateurs.
Après une croissance rapide au début des années 2020, le marché français du manga connaît un net ralentissement. Selon le cabinet GfK, rattaché au groupe NielsenIQ, le chiffre d’affaires du secteur a reculé de 13 % en 2023, puis encore de 4 % en 2024.
