La question persiste depuis la mort de Walt Disney en 1966 : son corps, ou même sa tête, seraient-ils réellement conservés cryogéniquement sous les rues aseptisées de Disneyland ? Bien que cette idée relève de la pure science-fiction – tout comme l’univers peuplé de pirates robots de ses parcs à thème – elle captive encore l’imaginaire collectif. Certains imaginent même un laboratoire souterrain où des scientifiques exilés continueraient d’œuvrer à des secrets insoupçonnés.
La réalité est bien plus prosaïque. Non, Walt Disney ne repose pas dans un mystérieux sarcophage en forme de souris au cœur d’Epcot, attendant patiemment une renaissance lorsque son entreprise atteindrait son apogée. Probablement du moins.
Dans les années 1950 et 1960, une nouvelle discipline scientifique appelée la cryonie suscitait un fort engouement. À l’époque, sa première application concrète visait la conservation de cellules reproductrices, notamment le sperme, qui pouvait être congelé puis décongelé pour une insémination artificielle. Ce procédé aujourd’hui banal était alors présenté en grande pompe, à l’image du titre du Cedar Rapids Gazette en 1954 : « La paternité après la mort est désormais prouvée possible ».
Petit à petit, cette idée fit sensation. Le grand public se demandait : serait-il possible de congeler un corps entier ? Un homme, un visionnaire immensément riche et fasciné par les technologies futuristes, pourrait-il anticiper sa mort en se cryoconservant, pour espérer être un jour réanimé ?
La réponse est non. Mais Pluton, lui, est bien congelé.
En réalité, la première cryoconservation enregistrée d’un corps humain date de 1967, soit un an après la disparition de Disney. Il s’agissait de James Bedford, un professeur de psychologie de l’Université de Californie, dont les restes sont toujours conservés dans la glace.
Malgré un engouement certain pour la cryonie dans les années 1970, cette pratique s’est rapidement heurtée à plusieurs obstacles majeurs :
- Aucune preuve scientifique n’a jamais confirmé qu’un corps congelé puisse être réanimé avec succès.
- Le procédé comporte de nombreux risques et péripéties, comme des défaillances techniques, des problèmes de congélation inadéquate ou encore des incidents financiers affectant les prestataires, occasionnant parfois la décongélation accidentelle des corps.
Quant à Walt Disney lui-même, il n’a manifesté aucun intérêt connu pour cette forme de prolongation artificielle de la vie. Selon les archives publiques, son corps a été incinéré conformément à ses volontés. Ce véritable mythe de la cryogénie reste donc, au final, une légende urbaine soigneusement entretenue par les passionnés de mystère autour de sa personne.