Divertissement
Pour assurer une transition fluide depuis les sections précédentes, voici le récit d’une étape déterminante de la vie d’un artiste dont la trajectoire a profondément marqué la musique country.

L’enfance de Merle Haggard ressemble à une trame de chanson country : une famille déplacée en Californie pendant la Grande Dépression, une vie dans un wagon transformé, et la perte d’un père travaillant pour les chemins de fer quand Merle n’avait que huit ans. Quelques années plus tard, son frère aîné Lowell lui transfère une guitare d’occasion et, rapidement, le jeune Merle se met à jouer. Malgré ce talent naissant, la perte paternelle marque un tournant : il dévie vers la délinquance juvénile, multipliant fugues, centres de détention et voyages clandestins à travers le pays.

À dix-huit ans, suite à une tentative de vol, Haggard est envoyé à la prison de San Quentin, en Californie. Là, sa réputation d’évadé potentiel lui vaut des restrictions sévères : il n’était pas autorisé à quitter sa cellule après 16h. Il envisage même une fugue, mais la fuite tragique d’un codétenu — qui abat un policier avant d’être repris et condamné à mort — et la rencontre d’un détenu condamné à la peine capitale en isolement refroidissent ses ardeurs.
Effrayé par ces événements, Haggard change d’attitude : il cesse de projeter des évasions et se met au travail, notamment dans l’atelier textile de la prison. Cette période de remise en question marque le début d’une transformation qui le pousse à canaliser son énergie vers la musique.

Un moment pivot survient en 1959, lorsque Johnny Cash donne un concert à San Quentin. Selon Haggard, la présence de Cash — son attitude rebelle et son charisme — ravive chez les détenus une passion pour la musique. Touché, Haggard intègre bientôt le groupe country de la prison et peaufine ses talents de chanteur et de compositeur. Libéré sur parole en 1960 après avoir purgé deux ans, il recevra, plus tard, une grâce inconditionnelle du gouverneur Ronald Reagan en 1972.

La période carcérale a été décisive : l’expérience Merle Haggard prison a façonné son regard et nourri ses chansons. Après sa sortie, il entame une carrière qui le propulse au sommet de la musique country.
- Il devient l’un des artisans du « Bakersfield Sound », plus brut et honky-tonk que la country de Nashville.
- Il enchaîne les succès : 38 titres classés n°1 selon les bilans spécialisés.
- Aux côtés d’artistes comme Waylon Jennings, Kris Kristofferson, Willie Nelson et Johnny Cash, il contribue à l’émergence du courant « outlaw ».
- Il reçoit de nombreuses distinctions : Kennedy Center Honor (2010), Grammy Lifetime Achievement Award, et des intronisations au panthéon des auteurs et de la musique country.
Adulé par ses pairs — Bob Dylan le qualifiait d’« herculéen » et Willie Nelson le considérait comme « l’un des meilleurs » — Merle Haggard meurt le 6 avril 2016, le jour de son 79e anniversaire, après avoir lutté contre une double pneumonie.
Cette section s’intègre au parcours général de l’article en éclairant comment l’incarcération, loin d’être une fin, a été un catalyseur décisif de sa carrière musicale.
