Au crépuscule des années 1980, Leslie Nielsen, fort d’une carrière jalonnée de succès dans des œuvres incontournables telles que « Forbidden Planet » (1956) et « The Poseidon Adventure » (1972), s’apprête à incarner un personnage qui marquera un tournant décisif dans son parcours. Son rôle de lieutenant Frank Drebin, dans la satire policière à l’humour décalé « The Naked Gun: From the Files of Police Squad! » (1988), inaugure une nouvelle ère pour l’acteur, faisant de lui l’un des humoristes les plus appréciés à travers le monde.
La magie de « The Naked Gun » réside dans un humour absurde parfaitement adapté au tempérament de Nielsen. Conçu par les réalisateurs David Zucker, Jim Abrahams et Jerry Zucker – auteurs également responsables de la réussite d' »Airplane! » et de la série « Police Squad! » –, ce film impose un nouveau standard dans le traitement de la comédie, alliant un scénario minutieusement écrit à l’interprétation sérieuse d’acteurs traditionnellement cantonnés à des rôles dramatiques.
- Les réalisateurs souhaitaient que leurs comédiens adoptent une approche proche d’un film catastrophe, pour mieux subvertir les codes du genre.
- Bien que l’improvisation soit fréquente dans d’autres grandes productions hollywoodiennes, le scénario de « The Naked Gun » était suivi à la lettre par Nielsen, qui laissait le texte parler de lui-même.
- Cette totale adhésion au script contribuera à la renommée durable de la franchise, qui s’est étendue avec deux suites au début des années 1990.
Pour les créateurs, engager des acteurs au tempérament sérieux pour interpréter des situations absurdes était la clé d’un humour authentique. Leslie Nielsen, désireux de démontrer ses talents comiques, saisit cette opportunité avec un enthousiasme communicatif. Il se distinguera non seulement par l’excellence de son jeu, mais aussi par sa capacité à laisser transparaître l’humour par sa simple présence. Tandis que « Airplane! » connut un succès immédiat, « Police Squad! » demeura un projet de niche qui, réinventé en long-métrage, révéla tout le potentiel comique de l’acteur.
Contrairement à d’autres productions où l’improvisation fait partie intégrante du processus créatif, la franchise s’est distinguée par l’absence totale d’improvisations sur le plateau. Comme l’explique David Zucker dans une interview, tout avait été prévu dans le script, ce qui permettait à Nielsen de naviguer dans l’humour de manière rigoureuse et assumée. En coulisses, l’acteur, reconnu pour son sérieux et sa ponctualité dans le respect du texte, savait aussi détendre l’atmosphère grâce à des plaisanteries légendaires, contribuant ainsi à forger l’image mémorable qui nous est restée.