
Bien qu’André le Géant ait connu une brillante carrière en tant que catcheur professionnel, beaucoup de millennials se souviennent surtout de lui pour son rôle de Fezzik dans le film fantastique culte de 1987, La Princesse Bride. Avec sa stature imposante, il captivait naturellement l’attention, ce qui l’a conduit à franchir le pas vers le cinéma hollywoodien. Il avait déjà joué dans plusieurs séries télévisées, telles que The Fall Guy, The Greatest American Hero ou The Six Million Dollar Man, mais son rôle de Fezzik reste le plus marquant. En effet, le scénariste William Goldman avait précisément à l’esprit l’image colossale de cet homme de 2,24 m pour écrire le scénario. Il déclara à la directrice de casting Jane Jenkins : « Je veux un géant comme André le Géant ».
Cependant, un obstacle se dressa. Lorsque Jane Jenkins contacta l’entourage d’André, elle découvrit qu’il était déjà engagé pour un combat de catch au Japon, un contrat rémunéré à hauteur de sept chiffres que le studio ne souhaitait pas égaler ni racheter auprès de la WWF (désormais WWE). Ainsi, André faillit décliner ce qui allait devenir le plus grand rôle de sa carrière d’acteur. Le destin en décida autrement puisque ce combat fut annulé, rendant André disponible. Les producteurs se rendirent alors à Paris pour le rencontrer. Malgré la barrière de la langue initiale, il devint rapidement évident qu’il était l’incarnation parfaite du doux géant tant recherché.

Si André le Géant attirait des contrats millionnaires en catch, il était cependant profondément marqué par les années de violence physique. Quelques mois avant le tournage de La Princesse Bride, son combat contre Akira Maeda avait donné un aperçu inquiétant de l’état dégradé de son corps. Certains pensèrent à une mauvaise performance due à l’alcool, d’autres à une provocation envers le promoteur, mais une hypothèse plus inquiétante évoque une santé déjà altérée. Sur le plateau, Cary Elwes, son partenaire de jeu interprétant Wesley, confirma que les séquelles du catch étaient visibles. Il révéla qu’André souffrait depuis une opération du dos, conséquence des nombreux chocs encaissés au fil du temps. Cette douleur était si forte qu’il ne pouvait réaliser beaucoup de cascades. « En tant que géant, les autres lutteurs ne tenaient pas compte de ses limites ; ils lui brisaient des chaises sur le cou », se souvient Elwes. Mais contrairement à ce que son imposante silhouette laissait croire, André n’était pas invincible et la gloire du ring venait avec un prix physique élevé durant ses dernières années.

Malgré ces souffrances, ses compagnons de tournage soulignèrent à l’unisson sa bonne humeur constante. Cary Elwes affirma que, quels que soient les obstacles, André arborait toujours un sourire sincère et ne se plaignait jamais. Les photos témoins du tournage montrent un géant au sourire omniprésent, véritablement un « doux géant » prêt à partager jusqu’à sa chemise, aussi grande soit-elle. Mandy Patinkin (Inigo Montoya) se remémore lui aussi avec tendresse André. Il évoqua à une radio américaine combien André appréciait la façon dont on le traitait sur le plateau, sans le fixer comme un phénomène de foire. Ce qu’il aimait avant tout, c’était cette attention bienveillante. Le dernier jour de tournage, après la prise finale, André accepta de poser pour les nombreuses photos avec chacun des fans présents, qui patientèrent des heures dans une file digne de Disneyland. « Il a pris la photo avec chaque personne, enfant ou adulte, qui lui a demandé », relate Patinkin. Cette générosité lui a laissé une leçon de vie inoubliable.
