« Une cuillère à café de feuilles de moringa en poudre mélangée à du miel, administrée à un bébé une fois par jour, augmente la vitesse d’un enfant qui rampe. Ce mélange est idéal pour les enfants qui ont du retard dans leurs progrès. La nature guérit. » C’est le conseil donné par « Chief Herbalist », un herboriste en ligne suivi par 402 000 personnes. Ce post a généré près de 1,6 million de vues. Interrogé sur l’impact du moringa sur l’apprentissage scolaire, il assure que les effets seront « spectaculaires ».
Ce conseil a suscité de nombreuses réactions. Certains internautes contestent ces bienfaits et dénoncent les pratiques pseudoscientifiques de l’herboriste. Celui-ci leur répond sèchement que « l’herboristerie est un art » et invite à « chercher à s’éclairer » plutôt que de dire des « âneries ». D’autres le remercient, affirmant vouloir éviter les médecins, qu’ils considèrent comme la troisième cause de mortalité, et vantent la puissance de la nature. Plusieurs lui demandent même des remèdes contre des maladies graves comme l’autisme, l’hépatite B, la malaria ou l’asthme.
Dangers et absence de preuve scientifique
La première question que l’on peut légitimement se poser est : pourquoi vouloir que bébé rampe plus vite ? En réalité, administrer du miel aux enfants de moins d’un an est fortement déconseillé. En effet, la bactérie responsable du botulisme infantile, une maladie rare mais grave, peut se trouver dans le miel. Les défenses immunitaires des enfants ne sont pleinement efficaces qu’après un an, âge à partir duquel ils commencent généralement à ramper entre 7 et 10 mois. Le conseil de « Chief Herbalist » est donc particulièrement dangereux.
Quant aux feuilles de moringa, une plante tropicale largement utilisée en médecine traditionnelle en Asie et en Afrique, elles font l’objet de certaines études scientifiques qui suggèrent des effets bénéfiques. Toutefois, peu de recherches ont été menées sur l’administration du moringa aux nourrissons. Aucune preuve ne soutient l’idée que le moringa accélère le développement psychomoteur des bébés.
Des sources médicales réputées précisent que les femmes enceintes et les enfants ne doivent pas consommer du moringa en raison du manque de données suffisantes. Même des sites prônant l’usage du moringa chez les bébés recommandent de commencer après 6 mois, sous forme de soupe et en respectant un délai de trois jours entre les prises, en avertissant du risque de troubles digestifs.
Des conseils dangereux et un usage non réglementé
En résumé, l’administration de moringa aux enfants reste peu documentée scientifiquement, et aucune étude sérieuse n’a démontré un quelconque bénéfice pour leur motricité ou apprentissage scolaire. Associée à l’usage risqué du miel avant un an, cette recette peut s’avérer dangereuse.
L’herboristerie, en tant que discipline, ne suit pas la méthode scientifique rigoureuse et sa pratique est parfois assimilée à un exercice illégal de la médecine. Elle fait également l’objet de nombreuses arnaques, en particulier sur Internet où les sites dédiés abondent.
