Faut-il avoir un fond sadique pour apprécier Squid Game ? Si la réponse est oui, il doit y avoir un sacré paquet de malades car la série Netflix a connu un succès international fulgurant, avec plus de 60 millions de vues en trois jours, s’imposant dans le top 10 mondial de la plateforme. Hwang Dong-hyuk, le créateur de la série, manie l’art de la fête macabre avec un sens unique pour organiser ces jeux du cirque moderne. Il sait toujours surprendre, malmenant ses personnages avec délectation.
Les éléments les plus cruels qui entourent la série font souffrir les protagonistes tout en captivant les fans, rendant Squid Game unique et jubilatoire.
Jeux de vilains
Transformer des jeux de cour de récréation en machines mortelles n’a rien d’amical. Après le choc initial avec « 1,2,3 soleil », le spectateur éprouve un plaisir presque diabolique à observer comment le scénariste détruit les souvenirs enfouis d’une enfant innocence ludique. À l’exception du « jeu du calamar », inconnu au départ, tous les autres jeux sont des souvenirs universels auxquels chacun peut s’identifier. Certains spectateurs plus festifs peuvent même imaginer organiser des goûters d’enfants sur ce thème, espérant secrètement que leurs favoris l’emportent.
Des adieux qui font mal
Dans Squid Game, la mort est omniprésente. Le principe même repose sur cette fatalité. Mais tuer uniquement les antagonistes ne suffit pas. La série frappe aussi dans le cœur tendre du spectateur. À la fin, il ne reste que peu de survivants. La jeune femme originaire de Corée du Nord, le meilleur ami du personnage principal, la soldate transgenre tuée en tentant de sauver les autres, la jeune mère et le protagoniste 456 font partie des décès poignants qui brisent notre empathie. C’est injuste, certes, mais cette cruauté renforce l’intensité dramatique de la série, où aucune vie, même celle de personnages centraux, n’est à l’abri.
Des adieux qui font bien
Au cœur de cette série sadique, le spectateur ressent aussi une forme de satisfaction à voir tomber certains personnages particulièrement odieux. Les épreuves, tantôt inventives, tantôt cruelles, comme le pont de verre où les candidats chutent en masse ou le manège accompagné de sa chanson obsédante, déploient un véritable spectacle macabre. Voir périr des figures détestables telles que le numéro 100, un homme d’affaires arrogant, le père négligent ou la chamane est presque réjouissant. Après Squid Game, la perception d’une simple fourchette change radicalement.
En famille ou entre amis
Participer au Squid Game en famille ou entre amis renforce la complexité et la cruauté du jeu. Connaître ses adversaires met à l’épreuve les liens humains et confronte les joueurs à des choix moraux douloureux : sacrifier un proche ou soi-même. L’exemple poignant du bébé dans la saison 3 illustre cette perversité : fraîchement né, il doit participer sans pouvoir influencer quoi que ce soit. Condamné à perdre ses deux parents, il est confié à un homme seul et dépassé, un ancien policier qui peine à assurer sa protection.
Le Syndrome de Dora l’exploratrice
Le policier chargé de retrouver l’île du jeu souffre d’une constance aussi inefficace que pathétique, ce qui lui a valu d’être surnommé par les fans « Dora l’exploratrice ». Plus malmené que certains morts, il semble toujours « un train de retard », arrivant trop tard pour empêcher les drames. Trompé par des ruses multiples, il ne fait finalement que témoigner, impuissant, du départ de son demi-frère félon. Son sort réserve toutefois l’espoir qu’il finisse par agir avec plus d’efficacité, notamment pour prendre soin de l’enfant vulnérable.
Fashion faux pas
Si la mort est déjà suffisamment tragique, le choix vestimentaire des candidats n’arrange rien. Ces survêtements vert bouteille leur donnent une apparence de zombies malades, tandis que les gardes arborent des uniformes rose fuchsia criards. Ces derniers ont toutefois l’avantage d’être masqués, ce qui préserve leur anonymat. Quant aux masques dorés des VIP, ils illustrent un mauvais goût évident, mais ils s’accordent avec la nature douteuse de leurs porteurs. En observant les costumes réels des acteurs, souvent aux allures « Gangnam Style », on entrevoit une explication à ces choix esthétiques extravagants.
Les relous de la Toile
La toxicité générée par les séries se manifeste violemment chez Squid Game par la présence de spoilers précoces sur la toile. Ces internautes malveillants gâchent la surprise dès la sortie des épisodes à neuf heures du matin. Où ont-ils donc bien pu voir la série pour déflorer l’intrigue si rapidement ? Probablement une simple envie de nuire, avec un plaisir à publier ces révélations hâtives. Leur comportement suscite exaspération et méfiance, tant leur rôle est de pourrir le plaisir des autres spectateurs. On ne peut qu’espérer qu’ils soient confrontés à leur propre épreuve, telle la corde à sauter, dans un prochain épisode virtuel.
