À la cour d’assises spéciale de Paris, le procès de Peter Cherif touche à sa fin. Mercredi, la réclusion criminelle à perpétuité a été requise contre le djihadiste, jugé notamment pour son implication au Yémen aux côtés de Chérif Kouachi, l’un des assaillants du journal Charlie Hebdo en 2015.
L’avocate générale, Aurélie Valente, a en outre demandé que cette peine soit assortie d’une période de sûreté de 22 ans. En partenariat avec son collègue Benjamin Chambre, elle a plaidé pour que la cour reconnaisse Peter Cherif « coupable » de l’ensemble des charges qui lui sont imputées.
Des aveux mais pas sur l’attentat de Charlie Hebdo
Peter Cherif est jugé depuis le 16 septembre pour association de malfaiteurs terroriste criminelle entre 2011 et 2018, période durant laquelle il était au Yémen au sein d’Al-Qaida dans la Péninsule arabique (AQPA). On lui reproche d’avoir rejoint cette organisation djihadiste et d’avoir aidé son ami d’enfance, Chérif Kouachi, dans la préparation de l’attentat commis le 7 janvier 2015 contre Charlie Hebdo, qui a coûté la vie à 12 personnes et a été revendiqué par AQPA.
Il est également accusé d’avoir participé à la séquestration pendant plus de cinq mois de trois ressortissants français, membres de l’ONG Triangle génération humanitaire, en 2011. Bien qu’il ait largement choisi de garder le silence durant le procès, il a reconnu avoir été l’un des geôliers. En revanche, il a nié avoir été impliqué dans l’attentat de Charlie Hebdo et a souvent préféré ne pas répondre aux questions succintement posées.
Portrait d’un « djihadiste intégral »
Au cours de plus de quatre heures d’intervention, les deux représentants du ministère public ont dépeint le portrait d’un « djihadiste intégral » en le qualifiant de « pierre angulaire de la préparation » de l’attentat de Charlie Hebdo. En effet, en 2011, Peter Cherif était le seul Français à avoir intégré AQPA, une organisation décrite comme « paranoïaque » qui a longtemps limité ses recrutements à un nombre restreint d’étrangers.
Le journal satirique, ayant suscité une forte controverse par la publication de caricatures de Mahomet en 2006, est devenu dès 2010 une « obsession » pour AQPA, comme l’a noté Benjamin Chambre. Cependant, il a souligné que cette obsession a pris une tournure plus précise et nominative seulement après l’arrivée de Peter Cherif au Yémen. Le verdict de cette affaire devrait être rendu ce jeudi, après les plaidoiries de la défense.