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L’essentiel
«protégé.e», le deuxième album du duo Terrenoire, est sorti le 24 janvier 2025. C’est une véritable merveille d’écriture, de composition et d’expérimentation. Ce projet ambitieux relève le défi d’être extrêmement réfléchi et audacieux tout en restant accessible au plus grand nombre.
Les frères Herrerias, originaire de Saint-Étienne, ont souhaité créer un album riche en « panache ». Cette démarche est comparable à celle de Zidane, dont la chanson « god save zinédine » fait référence. « Il avait une singularité dans sa manière d’être au monde », souligne Raphaël, l’aîné. « Avec cet album, on a voulu prendre des risques, à l’image de ses actions sur le terrain, pour créer du beau jeu. »
Un travail d’affinage, de ponçage
L’album protégé.e est un aboutissement de près de deux ans de travail. Les frères ont composé une cinquantaine de morceaux avant de choisir quatorze titres au terme d’un processus long et minutieux. « Nous avons réalisé une trentaine de versions de chaque morceau. Chaque mesure a été travaillée et retravaillée », raconte Théo Herrerias.
La production de l’album, notamment sur des titres comme hotline gorgone et le jour où tout s’est ouvert, démontre leur créativité. Théo explique que des techniques comme le varispeed ont été utilisées pour ajuster la voix et l’intégrer dans des sonorités innovantes, visant à stimuler la curiosité du public.
Une traversée de notre époque
Les expériences personnelles vécues sur leur premier opus, Les forces contraires, hanté par la mort de leur père, ont laissé place à une vision plus vaste dans cet album. « On a voulu faire une cartographie du monde dans lequel on vit, en prenant son pouls comme un sismographe », déclare le duo en chœur.
Les quatorze titres forment un carnet de voyage sonore et explorent les différentes facettes de notre humanité. Des sons oxymoriques, juxtaposant des émotions contradictoires, rythment l’album. Par exemple, le fou dans la voiture engage le public dans une danse joyeuse tout en reflétant une crainte sous-jacente. « Ce titre interroge notre résistance face aux figures d’autorité contemporaines », affirme Raphaël.
On choisit la préservation comme valeur centrale
La chanson paris, la grande ville agit comme une boussole narrative. Raphaël résume son thème : « Elle traite de la cohabitation, du collectif ». Ce message aspire à nuancer les discours de peur, expliquant que l’écoute de voix diverses peut autrement enrichir nos expériences. Ainsi, l’album se veut une réflexion sur le vivre-ensemble.
Raphaël et Théo choisissent la préservation et la protection comme valeurs centrales de leur œuvre. « C’est un appel à avancer ensemble malgré nos différences, à établir des ponts et à poser des questions complexes sur notre coexistence », conclut Raphaël.
Le duo s’engage à concrétiser ce message lors de leur prochaine tournée, en organisant des ateliers d’écriture et des rencontres avec des jeunes et des artistes, démontrant ainsi que, même les petites actions, peuvent créer des liens significatifs.