Pendant des années, un agent administratif de la préfecture de Seine-Saint-Denis aurait transformé son poste en véritable business parallèle. Surnommé « Rico », il aurait monnayé des informations confidentielles, allant jusqu’à promettre des titres de séjour ou l’effacement d’antécédents judiciaires. Un renseignement anonyme, début 2024, a mis fin à son manège. Cette affaire de corruption a déclenché une enquête approfondie.
Les enquêteurs de La Courneuve ont alors découvert un réseau bien orchestré. Sur écoute, « Rico » faisait miroiter à ses interlocuteurs des services qu’il n’avait aucun pouvoir d’accorder, malgré ses vingt ans d’ancienneté à la préfecture. L’exploitation de son ordinateur a révélé la présence d’un complice, un faux avocat capable de facturer jusqu’à 6 000 euros pour des conseils et des démarches administratives fictives.
Des collègues sollicités et un système tentaculaire
Au fil des investigations, une vingtaine d’agents ont été identifiés comme potentiels complices. Ces derniers auraient rendu ponctuellement service à « Rico ». En mai 2024, 46 personnes ont été interpellées, dont plusieurs fonctionnaires et des « clients ».
Lors des perquisitions, des tampons officiels et des dossiers étatiques ont été retrouvés au domicile du principal mis en cause. Les dépôts d’espèces répétés sur ses comptes ont également trahi un niveau de vie bien au‑dessus de son salaire d’adjoint administratif, alimenté par une dépendance à la cocaïne.
Fin septembre, « Rico » et le faux avocat ont été présentés au tribunal de Bobigny pour corruption, exercice illégal de la profession d’avocat et consultation illicite de fichiers. Tandis que les deux hommes ont été placés sous contrôle judiciaire en attendant leur procès, quatre autres agents sont poursuivis dans le cadre d’une procédure de reconnaissance préalable de culpabilité.
