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Plus de quarante ans après le meurtre du petit Grégory Villemin, la justice a ordonné un nouvel interrogatoire, programmé dans les prochains mois, concernant sa grand-tante, Jacqueline Jacob. Âgée de 80 ans, elle sera convoquée en vue d’une éventuelle mise en examen pour « association de malfaiteur criminelle », a indiqué le procureur général près la cour d’appel de Dijon, Philippe Astruc. Ce nouvel interrogatoire ne devrait pas avoir lieu avant quelques mois, a-t-il précisé.
Jacqueline Jacob avait déjà été interpellée en juin 2017, avec son époux Marcel. Au cours de cette audition, elle avait gardé le silence et avait été mise en examen avec son mari pour « enlèvement et séquestration suivie de mort ». Toutefois, les poursuites contre le couple avaient été annulées ensuite, en raison d’un vice de forme.
Pas d’alibi le jour du crime
Avec la réouverture du dossier, plusieurs certitudes ont été établies. Jacqueline Jacob est l’autrice d’une des lettres envoyées par le « corbeau » aux parents de la victime, revendiquant le meurtre. Bien qu’elle nie, les experts suisses en stylométrie ont confirmé l’authenticité de son écriture.
Elle est l’épouse de Marcel Jacob, frère de Monique, la grand-mère de Grégory. Son nom a été évoqué à plusieurs reprises au fil de l’enquête, notamment en raison des relations conflictuelles qu’elle entretenait avec Albert Villemin, le grand-père de l’enfant, ainsi qu’avec les parents du garçonnet. Elle manifestait un ressentiment particulier envers Jean-Marie Villemin, le père de Grégory et figure professionnelle ascendante. Quelques semaines avant le drame, elle lui avait reproché violemment sa réussite sociale.
Marcel Jacob, quant à lui, était très proche de Bernard Laroche, suspect numéro un au début de l’enquête avant d’être relâché lorsque les investigations se sont orientées vers la mère de Grégory, Marie-Antoinette Villemin. Déclarée définitivement innocente en 1993 par la cour d’appel de Dijon, cette dernière avait été assassinée en 1985 par Jean-Marie Villemin, convaincu de sa culpabilité. La justice soupçonne les époux Jacob d’avoir aidé Bernard Laroche à enlever Grégory.
Ce scénario est renforcé par l’absence d’alibi solide pour Jacqueline et Marcel Jacob le jour du crime, un point jamais ni confirmé ni étayé, selon Jean-Jacques Bosc, ancien procureur général de Dijon, lors d’une conférence de presse en 2017.
Une « non-information » selon l’avocat du couple
En février 2018, la chambre de l’instruction de Dijon avait annulé les mises en examen des Jacob pour le rapt mortel de Grégory. Depuis, de nouvelles expertises ont été réalisées. En début d’année, la chambre de l’instruction de la cour d’appel de Dijon, qui supervise l’affaire depuis 2008, a recensé tous les éléments les concernant, sans en révéler les détails. Le parquet général avait estimé que ces éléments étaient insuffisants pour une poursuite pénale.
Après une audience en avril, la chambre de l’instruction a pourtant demandé l’audition de Jacqueline Jacob et envisage sa mise en examen pour « association de malfaiteur criminelle ». L’avocat des époux Jacob, Me Stéphane Giuranna, a qualifié cette décision de « non-information », rappelant que le parquet général reconnaît l’absence de charges et rien de nouveau, tout en se disant serein à ce stade.