Dans la nuit de lundi à mardi, plusieurs établissements pénitentiaires français ont été victimes d’attaques coordonnées, marquées notamment par des tirs à l’arme lourde, des incendies de véhicules, ainsi que des tags inscrivant l’acronyme « DDFM » signifiant « Droits des prisonniers français ».
Au centre pénitentiaire de Toulon-La Farlède, accueillant environ 790 détenus, des individus ont ouvert le feu à l’arme lourde vers 0h40 sur l’entrée utilisée par les fourgons pénitentiaires. Une dizaine de douilles ont été retrouvées sur place, et des inscriptions rouges « DDFM » ont été taguées sur la porte. D’autres prisons ont subi des attaques similaires dans la nuit, suggérant une action concertée.
À Villepinte, en Seine-Saint-Denis, des assaillants sont entrés sur le domaine pénitentiaire aux alentours de 22h30, incendiant trois véhicules appartenant au personnel. Cet incident marque une première depuis l’ouverture de cet établissement, créant une atmosphère d’inquiétude et de tension parmi les surveillants. À Valence, dans la Drôme, une personne cagoulée s’est approchée en trottinette pour mettre le feu à deux voitures appartenant à de jeunes surveillants sur le parking de la prison. Des incendies de véhicules ont également touché les établissements de Nanterre dans les Hauts-de-Seine et d’Aix-Luynes dans les Bouches-du-Rhône.
À Marseille, le sigle DDPF a été tagué sur une dizaine de voitures de l’administration pénitentiaire. La nuit précédente, sept véhicules ont été incendiés sur le parking de l’École nationale de l’administration pénitentiaire à Agen. Sur le parking de la prison de Réau, en Seine-et-Marne, un véhicule a été incendié et un autre endommagé.
Le ministre de la Justice, Gérald Darmanin, a qualifié ces événements d’inédits dans leur forme coordonnée et avec un message clairement affiché sur la porte de la prison de Toulon-La Farlède. Il a révélé l’existence de groupes sur les réseaux sociaux tels que Telegram et Signal, qui encouragement manifestement ces actes. Toutefois, aucune revendication officielle n’a été formulée à ce jour. Initialement, le ministre avait avancé l’hypothèse d’une réponse du narcotrafic à la politique pénitentiaire visant à regrouper les détenus les plus dangereux en centres de haute sécurité.
Pour le secrétaire général du Syndicat pénitentiaire des surveillants (SPS), Christy Nicolas, ces attaques sont une répercussion attendue de la récente politique sécuritaire renforcée dans les prisons. Il dénonce une montée de la violence où « l’uniforme ne fait plus peur au banditisme » et souligne que ces actions constituent une attaque contre l’État lui-même.
Les enquêteurs, quant à eux, privilégient désormais la piste de l’ultra gauche. Selon une source proche du dossier, cette hypothèse est probable et justifie la saisie de l’enquête par le Parquet national antiterroriste. Les investigations sont menées par la sous-direction antiterroriste de la police judiciaire (SDAT), les services locaux et la Direction générale de la Sécurité intérieure (DGSI), témoignant de la gravité accordée à cette affaire.