Connu sous le nom de « Boucher de Rostov », « Le Déchiqueteur de Rostov » ou encore « Le Déchiqueteur Rouge », Andrei Chikatilo a sévi en pleine visibilité, échappant longtemps aux enquêteurs faute de piste tangible. Il restera cependant l’un des tueurs les plus prolifiques de l’Union soviétique, orchestrant une série de meurtres s’étalant sur deux décennies. Sa signature : une dégradation sexuelle atroce touchant plus de 50 femmes et enfants.
Son premier passage à l’acte remonte au début des années 1970, lorsqu’il exerçait en tant qu’enseignant. Chikatilo commença à exhiber des comportements déviants tels que se dénuder devant ses élèves et commettre des attouchements sur des filles, allant même jusqu’à éjaculer sur certaines d’entre elles. Suite à ces faits, il fut déplacé de plusieurs établissements scolaires, tout en préparant son premier meurtre. En 1978, il enlève, torture et poignarde Yelena Zakotnova, une jeune femme de 19 ans qu’il avait attirée près d’un arrêt de bus.
Durant les années 1980, le nombre de ses victimes ne cesse d’augmenter. Il cible principalement des enfants sans-abri et des fugueurs, souvent récupérés dans les gares et stations de transit. Ce n’est qu’au début de cette décennie que la police prend conscience de la présence d’un tueur en série. Pour mieux cerner son profil, les enquêteurs font appel au psychiatre Alexandr Bukhanovsky. Ce dernier établit que les meurtres sont liés à des fantasmes sexuels, le couteau jouant le rôle métaphorique d’un organe sexuel, révélant l’impuissance du tueur. Grâce à cette analyse, les forces de l’ordre affinent leur chasse et se rapprochent peu à peu du coupable.
Des décennies plus tard, la capture d’Andrei Chikatilo
Malgré plusieurs échappatoires miraculeuses, la chance finit par tourner en novembre 1990. Le 6 novembre, juste après avoir commis son dernier meurtre, Chikatilo est repéré dans une gare par un policier de patrouille. Ses vêtements sont couverts de boue et de feuilles, et du sang macule son oreille ainsi que sa joue. Ne pouvant accuser formellement l’homme, le policier relève néanmoins ses coordonnées. Lorsqu’un corps est découvert à proximité, Chikatilo est placé sous surveillance pendant six jours.
Le 20 novembre 1990, suite à de nouveaux comportements suspects, la police procède à son arrestation. Incapables de le faire avouer, les enquêteurs font de nouveau appel au psychiatre Bukhanovsky. Chikatilo semble apprécier la rencontre, presque comme un échange entre collègues. Il livre alors des détails exhaustifs sur chacun de ses crimes et guide la police vers des lieux contenant des corps jusque-là inconnus. Au total, il avouera avoir tué 56 personnes, bien que seules 53 victimes aient pu être formellement identifiées par les autorités.
Jugé à partir du 14 avril 1992, Andrei Chikatilo est reconnu coupable de 52 des 53 meurtres sur lesquels les preuves étaient réunies. Condamné à mort pour chacun de ces crimes, il est exécuté par balles le 14 février 1994.