Comment les escrocs manipulent les gens avec des techniques surprenantes
Les escrocs sont fascinants, et leurs histoires peuplent les films et les documentaires. Des classiques comme « L’escroc » avec Paul Newman aux récits contemporains comme « Le Voleur de Tinder », ces manipulateurs captivent les publics en raison de la dextérité avec laquelle ils exploitent autrui. Mais au-delà du divertissement, il existe une inquiétante réalité : ces escrocs peuvent émerger de l’ombre pour frapper à notre porte lorsque nous sommes les plus vulnérables.
La première étape dans l’art de l’escroquerie, désignée par la psychologue Maria Konnikova, est celle que l’on appelle « le piège ». Ce processus implique une observation astucieuse de la part de l’escroc, qui examine attentivement les personnes rencontrées, qu’il s’agisse de collègues ou de passants dans des lieux publics. L’escroc cherche des désirs ou des vulnérabilités qu’il peut exploiter.
Pour ce faire, les escrocs deviennent des auditeurs aguerris. Pendant que nous discutons, nous sommes souvent absorbés par nos propres pensées, nous ne prêtons qu’une attention partielles à l’interlocuteur. En revanche, les escrocs, à l’instar des « psychiques », savent « lire » les autres. Ils sont capables d’extraire des indices qui leur permettront d’affiner leurs stratégies.
Au-delà du piège, il y a « le jeu ». Cette phase consiste à séduire la victime potentielle par des gestes d’empathie et de confiance. Konnikova décrit cela comme une stratégie émotionnelle où l’escroc établit une « fondation émotionnelle » avant de proposer sa vraie manœuvre. En manipulant les émotions, les escrocs éveillent chez leurs cibles un produit chimique particulier, l’ocytocine, qui est libéré lorsque nous faisons confiance à quelqu’un.
Un exemple connu est le « pigeon drop » où l’escroc feint de faire confiance à sa cible en lui confiant un objet de valeur comme une bague (qui est en réalité une contrefaçon). En demandant à la victime de restituer l’objet tout en se disant pressé, l’escroc active le désir naturel d’agir avec bienveillance, avant d’exiger une petite contribution de la somme promise.
Les escrocs ne crient pas commande. Ils posent des demandes qui, en apparence, semblent raisonnables dans le cadre du stratagème, mais qui, en réalité, installent les bases d’une exploitation progressive. Cette technique, connue sous le nom de « pied dans la porte », consiste à demander d’abord quelque chose de trivial, permettant ainsi de créer une obligation sociale chez la cible.
Maria Konnikova souligne que, une fois qu’ils obtiennent cette première faveur, les escrocs reviennent régulièrement vers leur cible pour demander des choses de plus en plus importantes. Les gens, soucieux de leur image et du regard des autres, seront souvent enclins à dire oui, même lorsque cela déroge à leurs intérêts.
Un élément clé qui caractérise l’escroquerie est l’asymétrie d’information. Les escrocs se hissent à un niveau d’attention accru lors de leurs interactions sociales, capturant des informations qu’ils utiliseront contre leurs victimes. Paradoxalement, notre propre inattention naturelle constitue une vulnérabilité. Dans la routine quotidienne, notre passivité nous rend susceptibles à des escroqueries, telles que celles des systèmes de Ponzi, qui masquent des systèmes d’enrichissement intrinsèquement injustes, bien souvent imperceptibles pour la majorité.
Cette question suscite l’interrogation : les escrocs éprouvent-ils quelque remords ? Les analystes notent des traits de personnalité communs parmi ces manipulateurs : la psychopathie, le narcissisme et le machiavélisme. Cette combinaison de traits, caractéristique des escrocs, suggère qu’ils n’éprouvent pas de culpabilité pour avoir ruiné des vies.
Illuminant ainsi le paysage sinistré des manipulations, ces techniques exposent une réalité perturbante de notre comportement face à autrui, et révèlent une dynamique insidieuse au sein des interactions humaines qui peut transformer la confiance en une arme redoutable entre les mains de ceux qui savent l’exploiter.