Condamnation à perpétuité pour un jeune tortionnaire à Marseille

par Olivier
0 commentaire
A+A-
Reset
Condamnation à perpétuité pour un jeune tortionnaire à Marseille
France, République démocratique du Congo
Illustration

L’essentiel

  • Un jeune homme de 20 ans, El Kabir M’Saidie Ali, a été condamné à la réclusion à perpétuité avec une période de sûreté de 22 ans pour l’enlèvement et la torture d’un adolescent de 16 ans à Marseille en 2019, aggravant une précédente condamnation à 25 ans de réclusion.
  • La victime, un adolescent réfugié congolais qui avait fugué pour « faire de l’argent facilement » dans les points de deal, a subi des tortures extrêmes (brûlures de cigarette et au chalumeau) pendant toute une nuit après avoir tenté de revendre seul de la drogue ; il est aujourd’hui hospitalisé en psychiatrie et décrit comme « un mort‑vivant ».
  • L’accusé maintient son innocence malgré l’identification par deux témoins anonymes et la reconnaissance vocale de la victime ; son avocate dénonce que « tout a été grossi pour présenter M. M’Saidie comme un monstre », tandis que l’avocate générale affirme qu’il « a sa place dans le box ».

Un jeune homme de 20 ans a été condamné ce mardi à la réclusion criminelle à perpétuité pour l’enlèvement et la torture d’un adolescent à Marseille, dans une affaire liée au trafic de drogue.

El Kabir M’Saidie Ali, qui niait toute implication, est resté sans réaction lors du prononcé du verdict. La cour d’assises d’appel des Alpes‑Maritimes a assorti cette peine d’une période de sûreté de 22 ans.

De 25 ans à la perpétuité en appel

Lors de son premier procès, il y a deux ans, l’accusé avait été condamné à vingt‑cinq ans de réclusion pour séquestration avec actes de torture et de barbarie. Tout au long du procès en appel, il a maintenu son innocence : « J’ai rien à voir de près ou de loin avec cette histoire », a‑t‑il répété.

Selon lui, il se trouvait dans la région lyonnaise au moment des faits. Aucun élément concret n’a cependant confirmé cet alibi, alors qu’il a été identifié par deux témoins anonymes ainsi que par la victime lors d’une reconnaissance vocale.

Une « idée suicidaire »

La victime, issue d’une famille réfugiée de la République démocratique du Congo, avait été placée dès l’âge de deux ans. À 16 ans, il fugue de son foyer à Chartres pour rejoindre Marseille, attiré par l’idée de « faire de l’argent facilement » dans les points de deal. « Il n’avait pour repères que les clips de rap », a décrit son avocat, Me Xavier Torré. « Dans d’autres circonstances, il aurait pu être de l’autre côté », a‑t‑il ajouté, soulignant le destin brisé de ce jeune homme.

L’été 2019, à peine arrivé à Marseille, l’adolescent est recruté dans un quartier sensible. Après une première interpellation, il récupère de la drogue non saisie par la police et tente de la revendre seul, dans la cité Félix‑Pyat, au nord de la ville. « Une idée suicidaire », selon un enquêteur. Rapidement repéré par les réseaux locaux, il est battu puis enlevé.

« C’est un mort‑vivant »

Le jeune homme est emmené dans un ancien local associatif. Tout au long de la nuit, des dizaines de jeunes se succèdent pour le frapper ou assister à la scène. Ligoté à une chaise, les yeux bandés et bâillonné, il subit quarante brûlures de cigarette et des brûlures au chalumeau, y compris sur les parties génitales. La douleur est telle qu’il tente d’avaler son bâillon pour mettre fin à ses souffrances.

Finalement, un ancien du quartier intervient et lui sauve la vie. La victime passe un mois dans un service de grands brûlés, sous protection policière. « Sa vie s’est arrêtée. C’est un mort‑vivant », a décrit son avocat. Aujourd’hui âgé de 22 ans, « il n’a plus de moteur » et est hospitalisé en psychiatrie sous curatelle renforcée : il peine à s’exprimer. Lors de son témoignage par visioconférence, il n’a pu répondre que par « oui » ou « non », avant de lâcher : « J’essaie de passer à autre chose. »

Entre 2022 et 2023, quatre autres jeunes, dont un mineur, ont été condamnés à des peines allant de cinq à dix ans de prison pour leur rôle dans ce calvaire. El Kabir M’Saidie Ali était présenté comme l’un des deux principaux tortionnaires. Le second n’a jamais pu être identifié avec certitude.

Suggestions d'Articles

Laisser un Commentaire