Dans la nuit de lundi à mardi, plusieurs prisons françaises ont été la cible d’attaques violentes mêlant incendies de véhicules et tirs d’armes automatiques. Le centre pénitentiaire de Toulon-La Farlède a notamment subi une attaque à l’arme lourde, de type Kalachnikov, avec une quinzaine d’impacts relevés sur la porte de l’établissement et plus d’une dizaine de douilles retrouvées. Aucun agent n’a été blessé, malgré les rafales visant le personnel.
Ces actes se sont produits vers 00h40, perpétrés par plusieurs individus arrivés en véhicule. Une enquête pour tentative d’homicide sur personnes dépositaires de l’autorité publique a été ouverte immédiatement. Les attaques ont également visé d’autres établissements dont ceux de Nanterre, Aix-Luynes, Valence et Villepinte, où des véhicules ont été incendiés. Certains de ces véhicules portaient des tags, signe possible d’une action coordonnée.
À Aix-Luynes, le portail de l’Équipe régionale d’intervention et de sécurité (Eris) a été la cible directe de ces violences. À Villepinte, trois voitures, dont deux appartenant à des agents pénitentiaires, ont brûlé après qu’un bidon d’hydrocarbure eut été retrouvé sur place. La vidéoprotection a permis d’identifier deux auteurs qui ont pénétré sur le site par une butte de terre pour commettre ces actes.
Une école pénitentiaire également visée
Dans la nuit précédente, l’École nationale de l’administration pénitentiaire (Enap) a subi une attaque similaire avec l’incendie de sept véhicules sur son parking. Des individus sont arrivés en voiture, ont crié puis mis le feu aux véhicules, provoquant un important incendie. Le centre pénitentiaire de Réau en Seine-et-Marne a aussi été touché, ce qui illustre la portée étendue de ces agressions.
Les syndicats pénitentiaires, notamment FO Justice, qualifient ces actes criminels d’« attaque frontale contre notre institution, contre la République et contre les agents qui la servent au quotidien ». Ils réclament une réponse forte, immédiate et sans ambiguïté de l’État ainsi qu’un renforcement de la sécurité autour des établissements pénitentiaires.
Des attaques liées à la lutte contre le narcobanditisme ?
Selon des sources proches du dossier, ces attaques coordonnées pourraient être une riposte à la stratégie récente du ministre de l’Intérieur contre le narcobanditisme. Cette hypothèse s’appuie notamment sur la simultanéité et la nature ciblée des violences, incluant des tirs d’armes automatiques et des incendies prémédités.
Le secrétaire national de l’Ufap Unsa Justice, Wilfried Fonck, souligne que l’administration pénitentiaire fait face à un manque de personnel pour assurer une sécurisation continue autour des établissements. Il implore une action coordonnée des ministres de la Justice et de l’Intérieur pour contrer ces tendances inquiétantes.
Dans cet esprit, le ministre de la Justice Gérald Darmanin s’est rendu au centre pénitentiaire de Toulon dans l’après-midi pour soutenir les agents et évaluer la situation de près.