Si vous avez déjà pris l’avion au cours des quinze dernières années, vous avez sûrement déjà vécu cette procédure : un agent de la Transportation Security Administration (TSA) s’approche de vous, ganté de bleu, tenant une petite baguette en plastique au bout de laquelle est fixé un morceau de tissu. Il vous demande d’étendre vos mains, paumes vers le haut, puis frotte cette surface contre vos mains, avant d’insérer le tissu dans un appareil d’analyse. Quelques secondes plus tard, vous êtes autorisé à poursuivre le contrôle, sauf si l’appareil détecte des traces de substances explosives telles que le nitroglycérine, la glycérine ou des nitrates. Dans ce cas, un contrôle plus approfondi peut être effectué.

Cette procédure de prélèvement sur les mains a été mise en place en 2010, après une tentative de pose de bombe sur un vol Northwest en direction de Détroit, le jour de Noël 2009. L’objectif est de vérifier si un passager a récemment manipulé des explosifs, grâce à des détecteurs capables de révéler la présence de traces chimiques infinitésimales.
Les origines du prélèvement des traces explosives

Le 25 décembre 2009, Umar Farouk Abdulmutallab, terroriste affilié à Al-Qaïda, surnommé le « poseur de bombe en sous-vêtements », a tenté de faire exploser un avion de la compagnie Northwest Airlines en provenance des Pays-Bas et à destination de Détroit. La bombe, dissimulée dans ses sous-vêtements, n’a pas explosé totalement mais a provoqué un incendie mineur. Abdulmutallab a reconnu sa culpabilité et purge actuellement une peine à perpétuité dans une prison fédérale. Suite à cet attentat avorté, la TSA a étendu son programme de prélèvement de traces explosives, qui portait jusque-là uniquement sur les bagages à main, aux mains des passagers.
Ce contrôle renforcé contraste fortement avec une époque où les passagers pouvaient voyager avec des armes à feu visibles, entre autres absurdités aujourd’hui impensables. L’univers aérien a radicalement changé depuis les attentats du 11 septembre 2001 et d’autres événements similaires en vol. Janet Napolitano, alors ministre de la Sécurité intérieure, expliquait en février 2010 à CNN que les terroristes continuent de considérer l’aviation comme une cible privilégiée pour attaquer les États-Unis. Le prélèvement sur les mains s’inscrit dans cette logique de sécurité accrue, même si des enquêtes internes ont révélé des failles persistantes dans l’efficacité des contrôles TSA.
Le fonctionnement des détecteurs de traces explosives

La TSA utilise principalement deux types de détecteurs de traces explosives : une version portable et une version de bureau, fonctionnant sur des principes similaires. Selon le Dr Laura Parker, chimiste au sein de la division des explosifs du Département de la Sécurité intérieure, ces appareils emploient une technique appelée spectrométrie de mobilité ionique. Cette méthode analyse la taille et la forme des molécules détectées, les compare à une base de données de substances connues, et délivre un résultat.
Ces détecteurs sont programmés pour repérer des « produits chimiques d’intérêt » fréquemment employés dans la fabrication d’engins explosifs, notamment les nitrates et la glycérine. Une alerte ne signifie toutefois pas nécessairement que la personne a manipulé des explosifs : certains des composés recherchés sont présents dans des produits courants tels que des soins capillaires, des savons, des fertilisants ou même des feux d’artifice.
La conséquence la plus fréquente suite à un signalement est un contrôle additionnel, comme une palpation. À moins d’essayer de faire passer des objets insolites à bord – du cerveau de vache à des lionceaux – les passagers ordinaires n’ont généralement pas à s’inquiéter lors de ce contrôle spécifique.
