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Les raisons derrière la prolifération des tueurs en série entre 1970 et 2000
Selon l’historien du crime Harold Schechter, les années 1970 et 1980 constituent l' »âge d’or des meurtres en série ». Durant cette période, des criminels notoires tels que le Zodiac Killer, le Hillside Strangler et Jeffrey Dahmer sont devenus des figures emblématiques des récits criminels, alimentant la terreur collective. D’après des données du Dr Mike Aamodt, spécialiste de l’université de Radford, on estime qu’environ 770 tueurs en série étaient actifs dans les années 1980, contre environ 30 en 2015.
Peter Vronsky, auteur de « American Serial Killers: The Epidemic Years », souligne que près de 80 % des tueurs en série répertoriés aux États-Unis ont agi entre 1970 et 1999. Bien que ces criminels aient probablement toujours existé, les avancées technologiques, la culture télévisuelle, le traumatisme post-guerre et des méthodes de collecte de données améliorées ont amplifié leur image, particulièrement entre 1970 et 1999, période où les homicides « série » ont connu une nette augmentation. Mais qu’est-ce qui peut expliquer ce phénomène ?
Théorie : Le traumatisme post-guerre a perturbé une génération
Vronsky explique que pour saisir les raisons de l’essor et de la chute des tueurs en série, il faut considérer plusieurs facteurs, incluant des changements sociologiques, biologiques, technologiques et linguistiques. L’atmosphère post-guerre des années 1970, marquée par le retour en masse de soldats américains, a pu altérer l’environnement familial d’une génération d’enfants. Grandir auprès de pères souffrant de stress post-traumatique, à une époque où ce syndrome n’était pas reconnu médicalement, pourrait avoir amplifié la volatilité et la violence au sein des foyers, éveillant des tendances violentes chez les enfants.
James Fallon, auteur de « The Psychopath Inside » et lui-même se décrivant comme psychopathe, soutient l’idée de Vronsky. Toutefois, il note que beaucoup d’enfants élevés par des vétérans de guerre ne sont pas devenus des tueurs en série, suggérant que la combinaison des facteurs environnementaux et des prédispositions génétiques serait déterminante.
Théorie : Les techniques de collecte de données améliorées ont permis d’identifier des motifs criminels
Après 1970, les avancées technologiques ont facilité le lien entre les crimes et l’identification des auteurs en série. Avec l’explosion de la télévision, le public a été continuellement exposé au phénomène des meurtres en série. Dans les années 1970, les enquêtes policières sont devenues plus sophistiquées, ce qui a contribué à renforcer la perception d’une forte hausse de ces meurtres au cours de plusieurs décennies.
Des améliorations dans la collecte de données ont également permis aux chercheurs de suivre les tendances criminelles, d’identifier des incidents connexes et d’établir des motifs possibles d’un tueur en série. Parallèlement, l’avènement des médias de masse et de la télévision a probablement accru la visibilité de ces criminels, créant ainsi une atmosphère de psychose collective autour de ce sujet.
Théorie : Les taux de résolution des homicides ont drastiquement chuté après 2000
Le déclin des meurtres en série documentés pourrait s’expliquer simplement par le fait que moins de criminels sont appréhendés. Bien que les données montrent une nette diminution du nombre de tueurs en série connus, les taux de résolution des homicides ont également chuté de manière significative. En 2020, le taux moyen de résolution des homicides était de seulement 50 %, signifiant que la majorité des crimes n’étaient pas résolus.
Thomas Hargrove du Murder Accountability Project suggère que ces homicides non résolus pourraient être le fait de tueurs en série qui échappent aux autorités. Les États-Unis affichent actuellement l’un des taux de résolution des homicides les plus bas au sein du monde occidental, soulevant la question : y a-t-il réellement moins de tueurs en série, ou ceux-ci ne sont-ils tout simplement pas appréhendés ?