Un procès délicat s’est ouvert mardi devant la cour d’assises de l’Essonne concernant un kinésithérapeute de 56 ans, mis en examen pour des viols et des agressions sexuelles aggravées commises sur plusieurs patientes. L’affaire s’inscrit parmi les dossiers de violences sexuelles examinés par la justice.
Les faits reprochés remontent à la période 2013-2015 et se seraient déroulés dans son cabinet de Villiers-sur-Orge (Essonne). Plusieurs patientes affirment que des séances de massage se terminaient par des pénétrations digitales. L’accusé comparaîtra pour six viols et huit agressions sexuelles à l’encontre de patientes, dont six se sont constituées parties civiles. Il est également poursuivi pour le viol de sa nièce, âgée de 16 ans, lors d’un massage en février 2007 pendant des vacances familiales.
Fin septembre 2015, la première plaignante a dénoncé un viol à l’issue d’une consultation pour des douleurs dorso-lombaires. Selon l’ordonnance de mise en accusation, le praticien « avait commencé à la masser avant de lui écarter les fesses puis de la pénétrer digitalement vaginalement, tout en lui caressant l’anus et les fesses ». Les enquêteurs ont reconstitué la liste de ses patients : certaines d’entre elles déclarent n’avoir jamais perçu de propos ou gestes déplacés, tandis que de nombreuses autres dénoncent des violences sexuelles.
Des gestes thérapeutiques ?
La juge d’instruction relève que le mis en cause aurait tiré parti « de l’absence de connaissance en kinésithérapie de ses patientes » pour commettre ces actes et les présenter comme des gestes thérapeutiques. Au cours de l’instruction, il a soutenu que certains gestes répondaient « à des sollicitations » de certaines femmes. Malgré ces éléments, la magistrate note que le quinquagénaire « reconnaît la matérialité de chaque fait dénoncé » à l’issue de la procédure.
Me Laurent Caruso, avocat de l’accusé, a réagi en indiquant que « des gestes ne sont pas contestés mais, après, il y a évidemment le débat sur le consentement ». Il a ajouté qu’après toutes ces années, le procès offrirait peut‑être l’occasion « de nous exprimer et de rétablir certaines choses dans l’enquête et l’instruction qui ont été faites à charge ».
Une partie des faits dénoncés au cours de l’instruction est prescrite et d’autres ont fait l’objet de non‑lieux. La plaignante à l’origine du dossier, selon son avocat Me Jean‑Philippe Feldman, ressent « beaucoup d’appréhension » mais souhaite que l’affaire « se déroule, qu’on en finisse ». Selon lui, lorsqu’on subit un traumatisme, l’obtention d’une condamnation permet de tenter de passer à autre chose.
Une autre patiente, représentée par Me Anne Bouillon, a déclaré espérer que ce procès « remette du sens et de l’ordre dans le fracas existentiel que représente le fait d’avoir subi un viol alors qu’elle devait être soignée ».
L’accusé comparaîtra à la cour d’assises de l’Essonne jusqu’à vendredi.
