Le Lac Nyos : Un Lieu Dangereux au Cameroun

par Olivier
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Le Lac Nyos : Un Lieu Dangereux au Cameroun
Cameroun

Il n’y a rien de plus paisible que de se tenir au bord d’un lac tranquille, à contempler l’écosystème lacustre figé dans son existence. Sauf si ce lac représente une barrière perméable entre vous et une véritable bombe terrestre à dioxyde de carbone prête à exploser.

C’est malheureusement la réalité dramatique qu’ont vécue les villageois et les éleveurs vivant sur les terres situées sous le Lac Nyos, dans le nord-ouest du Cameroun. Dans la nuit du 21 août 1986, ce lac volcanique, autrefois bleu cristallin, est devenu le théâtre d’un événement cataclysmique qui a failli anéantir un village entier.

Eaux brunes du Lac Nyos

Les survivants ont décrit une « étrange brume blanche » s’élevant du lac, accompagnée d’un grondement sourd provenant des entrailles de la Terre. Avant que quiconque ne puisse comprendre ce qui se passait, une rafale glaciale a balayé le village, faisant perdre conscience à humains et animaux. Ce nuage de gaz, décrit comme une masse brillante atteignant près de 100 mètres de hauteur, s’est alors étendu sur la vallée, formant un « fleuve » de gaz blanc d’environ 50 mètres de haut. Plus lourd que l’air, ce dioxyde de carbone a dévalé la vallée, empoisonnant tout sur son passage.

Même les mouches n’ont pas survécu

Homme travaillant près d'une maison en terre

Ephriam Che, un agriculteur vivant dans une maison en terre surplombant le lac, racontait que ce jour-là « il n’y avait même pas de mouches sur les morts », soulignant l’ampleur de la catastrophe. Au total, près de 1 800 personnes et environ 3 500 têtes de bétail perdirent la vie dans cet effroyable épisode.

Jusqu’à cette nuit fatidique, le lac était une ressource paisible pour le village. L’absence d’activité volcanique antérieure avait empêché quiconque d’imaginer le monstre endormi sous la surface.

Près de quarante ans plus tard, les scientifiques peinent encore à expliquer la cause exacte de cette éruption soudaine. Ce que l’on sait, c’est que les lacs de cratère à activité volcanique sous-jacente concentrent naturellement du dioxyde de carbone en profondeur sans danger pour les êtres vivants à la surface. Normalement, ce gaz se dissout graduellement en petites quantités inoffensives, mais au Lac Nyos, d’une profondeur impressionnante de 208 mètres, un événement déclencheur a libéré brutalement ce gaz, engloutissant le village en contrebas.

Éviter une nouvelle apocalypse

Libération de dioxyde de carbone depuis la terre

La rareté de ce phénomène tragique complique grandement sa compréhension. Plusieurs hypothèses existent : un éboulement aurait pu perforer la couche de gaz au fond du lac, provoquant une explosion similaire à un ballon qui éclate. Une autre théorie avance qu’une chute brutale de température ou des vents violents auraient fait plonger l’eau supérieure vers les profondeurs, déclenchant ainsi la libération du dioxyde de carbone. Pourtant, aucune certitude définitive n’a encore été établie.

Ce qui est acquis, c’est que de l’eau saturée de gaz carbonique a été brutalement repoussé vers la surface. La diminution de pression a alors permis au dioxyde de carbone dissous de former des bulles, initiant un phénomène en cascade semblable à l’ouverture d’une bouteille de soda trop secouée.

Si la mort et la destruction vécues dans ce village camerounais sont incommensurables, cette tragédie a permis de mieux comprendre ce type d’éruptions. Aujourd’hui, des mesures de désaturation du lac ont été mises en place pour prévenir qu’une telle catastrophe ne se reproduise, préservant ainsi la vie des populations environnantes.

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