
La veille de Noël est un moment chargé de magie et de suspense pour les enfants du monde entier. L’arbre est décoré, les guirlandes lumineuses installées, et partout, les pères de famille rivalisent pour embellir leurs jardins. Près de la cheminée, le traditionnel verre de lait et les biscuits attendent le visiteur mystique qui viendra peut-être déposer des cadeaux. On guette alors le tintement inimitable des clochettes du traîneau du Père Noël.
Le martèlement de sabots sur le toit ? Le voilà, le bon vieux Saint Nicolas arrivé avec ses mystérieux rennes volants. Pourquoi des rennes, alors qu’il aurait pu choisir des chevaux ou un autre animal rapide ? Ces rennes jouent désormais un rôle si emblématique qu’il est impossible d’imaginer le Père Noël sans eux. Mais d’où viennent ces cervidés magiques, et quelle est leur véritable lien avec Noël ?

Avant 1823, dans la plupart des récits entourant le Père Noël, il ne disposait pas de rennes et n’était même pas associé au pôle Nord. Il apparaissait simplement sans connaître ni moyen ni provenance pour déposer ses présents. Tout cela changea avec un poème publié en 1823.
Selon The Durango Herald, la première mention des célèbres rennes du Père Noël figure dans le poème classique de Clement Clarke Moore, Une visite de Saint Nicolas (texte complet disponible sur le site de la Poetry Foundation).
Ce poème, qui débute par le célèbre vers :
« ‘Twas the night before Christmas, when all through the house / not a creature was stirring, not even a mouse. »
a façonné notre image du Père Noël depuis deux siècles, notamment à travers ses huit « petits rennes » volants, dont il énumère les noms. Le mythe de leurs pouvoirs magiques fut complété bien plus tard, notamment avec le film en stop motion de 1970, Santa Claus Is Comin’ to Town.
L’emblématique Rudolph, quant à lui, n’apparut qu’en 1939, et son histoire est davantage liée à une stratégie commerciale qu’à la tradition. Personnage créé pour un livre de coloriage d’un grand magasin, Rudolph a gagné sa popularité via une campagne marketing habile.

Les rennes du Père Noël sont donc nés d’une œuvre littéraire d’avant l’ère victorienne, mais leur renommée grandissante est étroitement liée à l’évolution commerciale de la fête de Noël au fil du temps. Si les familles continuent de célébrer ensemble, et que certains préservent la dimension religieuse, il est indéniable que la figure du Père Noël, ses visites dans les grands magasins et l’importance des cadeaux participent à un foisonnement économique.
À la fin du XIXe siècle, en Alaska, les rennes étaient élevés pour leur viande. Dans les années 1920, un entrepreneur, Carl Lomen, décida d’exploiter ce marché, pour la viande et la fourrure, en créant une véritable campagne de promotion pour ces cervidés. Associé au grand magasin Macy’s, il lança une parade mettant en avant le Père Noël et ses rennes.
Lomen allait plus loin en publiant des lettres fausses dans les journaux, sous la plume d’enfants implorant le Père Noël d’envoyer ses rennes dans leurs villes. Cette initiative fit boule de neige à travers les États-Unis, stimulée par l’industrie florissante. Son empire s’effondra en 1937, lorsque des lois empêchèrent les non-autochtones de posséder des rennes, mais il avait déjà inscrit durablement les rennes dans la tradition de Noël, tout en donnant naissance au fameux Rudolph.

Autre surprise peu connue : à l’origine, les rennes du Père Noël n’étaient pas censés être des rennes. Clement Clarke Moore aurait puisé son inspiration dans des créatures mythiques tirant un autre traîneau : les géants Tanngrisnir et Tanngnjóstr, compagnons du dieu nordique Thor. Ces animaux n’étaient pas des cervidés, mais des chèvres géantes volantes.
Les chèvres sont associées à Noël bien avant les rennes. À Gävle, en Suède, un incontournable de la fête est toujours la Julbock, une statue gigantesque en paille représentant une chèvre de Noël, qui culmine à plus de 12 mètres. Cet emblème pagano-chrétien est censé aider à la distribution des cadeaux à travers le monde, le Père Noël montant même la Julbock volante plutôt que son traîneau.
Dans cette ville, brûler la Julbock en paille est devenu une tradition, provocante mais populaire, rappelant la dimension parfois fantasque des fêtes de fin d’année. Qu’ils soient chèvres ou rennes, ces animaux occupent une place singulière et fascinante dans l’imaginaire de Noël.
