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La Lutte Contre la Violence des Gangs au Salvador
Le Salvador, situé en Amérique centrale, est un pays qui a longtemps été associé à une image de violence exacerbée et de gangs notoires comme Barrio 18 et MS-13. Selon les informations de CNN, le président salvadorien Nayib Bukele a déclaré en 2022 que le nombre de membres de gangs dans le pays est passé de 6 000 en 2003 à environ 86 000 en 2021. Le « United States Institute of Peace » ajoute que en 2015, le Salvador enregistrait en moyenne 18 meurtres par jour. Une étude réalisée en 2020 par Jonathan D. Rosen, professeur adjoint à l’Université de New Jersey, a décrit le Salvador comme un pays brutal ravagé par les effusions de sang.
En 2019, le pays a élu Bukele à la présidence. En mars 2022, face à une vague de violence gangster ayant entraîné la mort de 62 personnes en une seule journée, le président a décidé de prendre des mesures radicales. C’est ainsi qu’a été mise en place ce que l’on connaît sous le nom de « Mano dura », comme le rapporte Human Rights Watch. Mais en quoi consiste réellement la Mano dura?
Comprendre la Mano Dura
Le terme « Mano dura » se traduit littéralement par « poigne de fer ». Cette mesure a permis à Bukele de déclarer l’état d’urgence et de restreindre les droits constitutionnels des citoyens. Environ 100 000 personnes ont été jetées en prison suite à la mise en place de la Mano dura en 2022, ce qui a conduit le Salvador à avoir le taux d’incarcération le plus élevé au monde. Cette approche a entraîné une baisse spectaculaire de 56,8% des homicides en 2022, selon Reuters.
Initialement prévue comme une mesure temporaire, le président Nayib Bukele n’avait à ce moment-là aucun plan pour mettre fin à cette politique. En effet, l’application de la Mano dura s’est révélée être une tâche ardue, nécessitant des patrouilles militaires quotidiennes et de nombreuses arrestations, transformant ainsi le Salvador en un État militarisé. Cette stratégie n’est pas nouvelle, car les présidents précédents, Francisco Flores et Antonio Saca, avaient déjà lancé respectivement les Plans Mano Dura en 2003 et Súper Mano Dura en 2004. Toutefois, l’approche de Bukele a suscité des préoccupations en termes de droits de l’homme, qualifiée d’abusives par certains observateurs.
Les Répercussions de la Mano Dura
Malgré le succès initial de la méthode du Président Nayib Bukele, certains experts en droits de l’homme estiment qu’il a outrepassé ses pouvoirs. Le département du Trésor américain l’accuse même d’être responsable du massacre survenu en mars 2022, le soupçonnant d’avoir offert des incitations financières aux gangs salvadoriens pour les contrôler. Le Président a nié ces allégations. Néanmoins, l’application de la Mano dura pourrait engendrer des effets néfastes durables sur le pays. Au lieu de craindre les gangs, les citoyens pourraient craindre le gouvernement en raison du manque de droits civiques et de la corruption.
Les violations des droits de l’homme se sont multipliées avec la Mano dura, notamment des actes de torture sur des citoyens et des arrestations sans motivations valables. L’incapacité de fournir des explications sur les raisons des arrestations ou la cause du décès de personnes détenues a été dénoncée. Selon Juan Pappier de Human Rights Watch, cette politique pourrait finalement envenimer la situation en favorisant l’augmentation du nombre de membres de gangs. Les politiques similaires de répression et d’utilisation de la force dans la région n’ont pas produit des résultats durables et ont souvent conduit à des vagues de violences supplémentaires.