Kamel Daoud ne participera pas au festival littéraire La Milanesiana, prévu le 16 juin à Milan. L’auteur de Houris, couronné par le prix Goncourt 2024, a renoncé à ce déplacement par crainte d’une éventuelle arrestation et extradition vers l’Algérie, où deux mandats d’arrêt internationaux ont été émis contre lui. Critique virulent du régime algérien, Kamel Daoud se sent désormais menacé même au sein de l’Union européenne.
Selon le Corriere della Sera, son nom figurerait dans des bases de données de la police italienne. Bien que cette information ne soit pas confirmée, elle a suffi à dissuader l’écrivain de quitter la France. Il aurait reçu des mises en garde concernant une possible action judiciaire à son encontre, basée sur les accords de coopération entre l’Italie et l’Algérie.
Craintes jugées « purement hypothétiques » par les autorités italiennes
Les poursuites engagées par l’Algérie font suite à des plaintes liées à Houris, accusé d’avoir utilisé sans autorisation le témoignage d’une rescapée de la guerre civile, plainte soutenue par l’Organisation nationale des victimes du terrorisme. Cette affaire rappelle celle de Boualem Sansal, condamné en mars à cinq ans de prison.
Le ministère de la justice italien, à Rome, considère ces craintes comme « purement hypothétiques » et affirme qu’aucune arrestation n’aurait pu être effectuée avant que l’auteur ne soit arrivé sur le territoire italien.
Réactions et inquiétudes autour de la liberté d’expression
Le silence officiel italien suscite cependant l’agacement. La députée Lia Quartapelle, membre du Parti démocrate, qualifie la situation de troublante et affirme : « S’il n’y avait rien, le gouvernement l’aurait déjà dit clairement. »
Sur le réseau social X, l’éditrice italienne Elisabetta Sgarbi a exprimé son inquiétude : « J’espère vivement que le gouvernement garantira le droit d’expression de Kamel Daoud et ne laissera pas la politique interférer avec la littérature. » Elle a aussi confirmé la prochaine publication en italien du roman Houris.
