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Le compte à rebours est lancé : les sanctions ONU Iran seront formellement rétablies samedi soir après l’échec des négociations entre les Européens et Téhéran. Le Royaume‑Uni, la France et l’Allemagne, groupe de pays appelé E3, ont déclenché fin août le mécanisme dit « snapback », qui permet de rétablir en trente jours les sanctions levées en 2015 après l’accord sur le nucléaire iranien (JCPOA).
Pourquoi les sanctions de l’ONU sont‑elles rétablies ?
Le mécanisme de « snapback » a été activé par le trio européen, estimant que l’Iran n’avait pas accompli les « gestes concrets » exigés pour relancer le JCPOA. Londres, Paris et Berlin avaient posé trois conditions : la reprise des négociations avec les États‑Unis, un accès des inspecteurs de l’AIEA aux sites nucléaires sensibles de Natanz, Fordo et Ispahan — frappés en juin — et la mise en place d’un processus sécurisé pour le stock d’uranium enrichi. Malgré des réunions de haut niveau en marge de l’Assemblée générale de l’ONU à New York, aucune de ces conditions n’a été remplie à la satisfaction des Européens.
Quelles sanctions vont être réimposées ?
Selon le mécanisme de « snapback », de lourdes sanctions économiques ainsi qu’un embargo sur les armes seront rétablis. Ces mesures visent à limiter la capacité de l’Iran à poursuivre un éventuel programme nucléaire militaire et à faire pression pour relancer des négociations diplomatiques. L’ambassadrice britannique à l’ONU a rappelé que « l’escalade nucléaire de l’Iran, détaillée dans plus de 60 rapports de l’AIEA ces six dernières années, est une menace à la paix et à la sécurité », tout en laissant la porte ouverte à une levée future des sanctions si Téhéran répondait aux exigences internationales.
Comment réagit l’Iran ?
Le président iranien Massoud Pezeshkian a qualifié d’« inacceptable » la demande américaine de remettre « tout » son uranium enrichi pour bénéficier d’une suspension des sanctions de trois mois. Le chef de la diplomatie Abbas Araghchi a dénoncé « la mauvaise foi » des Américains et des Européens, affirmant que son pays ne céderait « jamais à la pression ». L’Iran, comme la Russie et la Chine, juge illégal le processus de rétablissement des sanctions. « La position de l’Iran sur le déclenchement par les E3 de ce processus est claire et cohérente : c’est légalement nul et non avenu, politiquement dangereux et présente des failles procédurales », a déclaré Abbas Araghchi au Conseil de sécurité après le rejet d’une résolution russo‑chinoise visant à repousser les sanctions de six mois.
Quel contexte explique cette tension ?
L’Iran avait suspendu ses relations avec l’AIEA à la suite des attaques de juin, avant d’accepter début septembre un nouveau cadre de coopération. Certaines inspections ont repris cette semaine, selon l’agence. Massoud Pezeshkian a estimé que l’administration américaine n’avait jamais fait preuve de sincérité dans les négociations nucléaires, même avant les frappes de juin. Le président iranien a toutefois assuré que son pays ne quitterait pas le Traité de non‑prolifération nucléaire en représailles, laissant la porte ouverte à de futures discussions diplomatiques.
Quelles sont les réactions internationales ?
La Russie et la Chine contestent la légalité du processus. L’ambassadeur adjoint russe à l’ONU a martelé que « il n’y a pas de snapback et il n’y aura pas de snapback. Toute tentative de ressusciter les résolutions anti‑iraniennes du Conseil de sécurité en place avant 2015 est nulle et non avenue ». Des observateurs craignent que certains pays, notamment la Russie, décident d’ignorer la décision du Conseil de réimposer les sanctions.
Quelles conséquences pour le programme nucléaire iranien ?
Le rétablissement des sanctions pourrait restreindre l’accès de l’Iran à certains matériels et financements pour son programme nucléaire. Mais la situation demeure complexe : malgré les pressions internationales, Téhéran continue de coopérer partiellement avec l’AIEA et maintient une position ferme sur le contrôle de son uranium enrichi. La reprise complète des inspections et la levée progressive des sanctions dépendront de négociations diplomatiques encore ouvertes, rendues difficiles par les tensions politiques et par le rejet russe et chinois du mécanisme de « snapback ».
