Suisse: vote pour un service civique égalitaire

par Olivier
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Suisse: vote pour un service civique égalitaire
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Oui ou non au remplacement du service militaire ? Telle était la question posée ce dimanche 30 novembre aux Suisses, appelés à se prononcer sur le remplacement du service militaire par un service civique obligatoire pour tous, sans distinction de sexe. L’initiative vise à instaurer une « véritable égalité », selon Noémie Roten, présidente du comité à l’origine de la démarche, qui souligne l’objectif d’inclure les femmes dans les réseaux et les expériences acquis lors de ce type de service. Le gouvernement et le Parlement suisses ont exhorté les électeurs à rejeter cette proposition, arguant qu’elle menacerait l’économie nationale ; d’après les sondages locaux, généralement fiables, l’initiative devrait échouer. Dans le pays alpin, le débat a été vif, notamment sur la place des femmes dans la société, dans un contexte de tensions géopolitiques et de conflits en Europe.

« Accorder aux femmes une place égale »

En vertu du système de démocratie directe suisse, 100 000 signatures suffisent pour soumettre pratiquement n’importe quelle question à la votation populaire, et les citoyens sont régulièrement consultés sur un large éventail de sujets aux niveaux fédéral, cantonal ou communal.

« L’idée, c’est que chaque jeune contribue au bien‑être de la collectivité d’une manière ou d’une autre », a expliqué l’une des porte‑parole du comité en faveur du changement. Pour ses partisans, instaurer un service civique obligatoire pour tous permettrait d’accorder aux femmes une place égale dans un projet collectif de protection et de créer des opportunités d’engagement partagées entre les sexes.

Face à ce discours, Cyrielle Huguenot, responsable égalité, famille et migration à l’Union syndicale suisse, estime pour sa part que l’initiative « occulte complètement la réalité des femmes dans ce pays ». Selon elle, les Suissesses consacrent déjà 60 % de leur temps à des tâches non rémunérées, alors que pour les hommes « c’est le contraire ». « En leur demandant un service non payé, on augmente encore plus ce déséquilibre », a‑t‑elle assuré.

« Taxons les ultra‑riches, sauvons le climat ! »

La deuxième proposition soumise au vote des quelque 5,6 millions d’électeurs, baptisée « Initiative pour l’avenir », proposait d’instaurer une nouvelle taxe climatique sur les plus grandes successions. Présentée par la jeunesse socialiste suisse, elle prévoyait un impôt sur les successions de 50 % pour les montants supérieurs à 50 millions de francs suisses (environ 53,5 millions d’euros), ce qui concernerait près de 2 500 foyers.

Ses promoteurs estimaient que cette taxe rapporterait six milliards de francs suisses par an pour financer la transition écologique. Les affiches de campagne arboraient le slogan « Taxons les ultra‑riches, sauvons le climat ! » Les autorités fédérales et le Parlement avaient également invité à rejeter cette initiative, qui, selon eux, mettrait en danger l’économie du pays. Les sondages donnaient là aussi la proposition défavorisée.

Les électeurs suisses devaient trancher simultanément sur ces deux textes contradictoires, qui ont ravivé les débats nationaux sur l’égalité, la redistribution et la manière de concilier engagement civique et protection sociale dans la Suisse contemporaine.

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