Le « Canard enchaîné » fait l’objet d’une attention particulière sur le plan judiciaire. Deux de ses anciens dirigeants, en plus d’un dessinateur et de sa compagne, sont appelés à comparaître pour des soupçons d’abus de biens sociaux au détriment de l’hebdomadaire satirique.
Ce procès se déroule au tribunal correctionnel de Paris, où Michel Gaillard, président du Canard de 1992 à juillet 2023, Nicolas Brimo, son successeur, l’ancien dessinateur André Escaro, et sa compagne Edith Venderdaele seront jugés durant quatre jours.
L’affaire débute en mai 2022, lorsque Christophe Nobili, un journaliste à l’origine des révélations concernant les emplois fictifs de l’épouse de François Fillon, décide de porter plainte contre X. Dans sa requête, il indique que la compagne d’André Escaro aurait perçu un salaire pendant vingt-cinq ans sans occuper de fonction réelle au sein du journal.
D’après un rapport de synthèse de juillet 2023, André Escaro a précisé aux enquêteurs qu’après sa retraite en 1996, il continuait à fournir des dessins et avait convenu avec la direction que sa compagne, qui assurait une « contribution morale et technique à la préparation des caricatures », serait également rémunérée.
Le rapport révèle que la seule action documentée de Mme Vanderdaele consistait à transmettre des dessins, « chaque semaine par fax ou par mail » au Canard enchaîné. Le préjudice, évalué à environ 1,5 million d’euros pour la période de 2010 à 2022, s’explique par des actes antérieurs à 2010, désormais prescrits.
Selon Me Pierre-Olivier Lambert, avocat de Christophe Nobili, les actions des anciens dirigeants ont porté atteinte à la crédibilité et causé plusieurs millions d’euros de préjudice au Canard.