Télétravail ou ventilateurs… Les salariés sont désormais confrontés au quotidien à des bureaux mal adaptés au réchauffement climatique. « Il fait plus frais chez moi qu’ici, c’est infernal », confie une employée du secteur immobilier. Son bureau exposé plein sud, dans un immeuble entièrement vitré construit au début des années 2000 à Paris, affiche 29 °C, soit cinq degrés de plus que les autres pièces du même bâtiment.
Les immeubles de bureaux vitrés, apparus massivement depuis la fin du XXᵉ siècle, allient esthétique et luminosité mais peinent à faire face aux fortes chaleurs. Pour l’ingénieur Pascal Lenormand, créateur du hashtag #balancetonfour, « lorsque la surface vitrée dépasse 30 % de la surface d’une pièce, ça commence à devenir dangereux ». Même la réglementation environnementale RE2020, entrée en vigueur en 2022, « n’est pas suffisante », complète Juliette Lefébure, de l’Observatoire de l’immobilier durable (OID).
De milliards pour rénover les bâtiments
Dans des espaces comme ceux de la Défense, la climatisation est poussée à fond pour tenter de rafraîchir des bureaux où la température devient rapidement intenable. Une mesure contre‑productive tant la climatisation est mauvaise pour l’environnement et contribue à son tour au réchauffement climatique. « On crève de chaud, il y a des baies vitrées à tous les étages », peste Adrien, 49 ans.
L’Institut de l’économie pour le climat (I4CE) a évalué les besoins annuels d’investissements en France pour adapter les bâtiments, y compris les logements, aux vagues de chaleur à entre « 1 à 2,5 milliards d’euros pour la construction neuve et 4,8 milliards pour la rénovation », en plus des investissements nécessaires pour atteindre les objectifs de neutralité carbone.
Beaucoup d’immeubles continuent d’être construits sans tenir compte du contexte local ni du long terme. Pourtant, les conséquences sont réelles pour les occupants : téléphones portables qui s’éteignent à cause de la chaleur, collègues qui craquent sous la température. Pour Pascal Lenormand, le problème « est surtout la mise en danger des personnes », avec des situations critiques notamment dans les hôpitaux.
