Collecte des déchets : les villes passent au rythme de 15 jours

par Olivier
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Collecte des déchets : les villes passent au rythme de 15 jours
France

Depuis des décennies, la collecte hebdomadaire des ordures ménagères est ancrée dans les habitudes françaises, notamment pour les habitants des maisons individuelles qui représentent une grande partie de la population. Cette fréquence régulière permettait aux foyers de sortir leur poubelle en toute simplicité, quel que soit le volume de leurs déchets. Cependant, cette organisation est remise en question dans plusieurs territoires face à l’augmentation constante des coûts liés au traitement des déchets et à l’évolution des pratiques de tri sélectif.

En réponse à ces enjeux, de nombreuses collectivités ont adopté un rythme de collecte des déchets tous les quinze jours. Cette réduction du passage des camions permet non seulement d’économiser du carburant et de réduire l’usure des véhicules, mais également de diminuer la main-d’œuvre et l’empreinte carbone liée à cette activité. Sur le plan environnemental, la diminution de la fréquence des collectes s’inscrit dans une logique de durabilité, même si cette évolution suscite parfois des réticences dans un pays où les changements sont souvent accueillis avec prudence.

La réduction de la collecte, une réponse à la gestion des biodéchets

Lorient Agglomération, dans le Morbihan, a amorcé il y a plus de dix ans la transition vers une collecte tous les quinze jours. Le principal objectif était de limiter la quantité d’ordures ménagères envoyées en centre d’enfouissement, dont la capacité s’avère chaque année plus sollicitée, au point que les agrandissements successifs ne peuvent rester une solution pérenne.

Pour accompagner ce changement, la collectivité a instauré un service de collecte des biodéchets en porte-à-porte. Cette mesure permet aux habitants de valoriser leurs déchets organiques, incluant les restes alimentaires sensibles comme les produits de la mer ou la viande, qui sont souvent à l’origine d’odeurs désagréables en cas de stockage prolongé. Ainsi, la poubelle traditionnelle ne contient plus que des déchets non recyclables tels que mégots, sacs d’aspirateur, litière pour animaux ou encore les couches pour bébés. Cette séparation a pour effet de réduire considérablement le volume des déchets ménagers résiduels.

Des habitants progressivement convaincus

Les résultats obtenus confirment l’efficacité de cette nouvelle organisation : dans l’agglomération de Lorient, le volume des ordures ménagères a diminué de 17 % tandis que celui des biodéchets augmente de 15 %. Ce processus n’a pas été sans inquiétudes initiales pour les usagers, nombreux à se demander s’ils pourraient s’adapter à ce nouvel intervalle de collecte.

À Rennes métropole, qui a également adopté cette collecte quinzaine depuis février, les témoignages révèlent un temps d’adaptation nécessaire. Vanessa, habitante d’un petit village proche de Rennes, témoignait de ses craintes quant à la capacité suffisante de sa poubelle pour sa famille de cinq personnes. Finalement, elle se déclare satisfaite et confie que la gestion des déchets à ce rythme est tout à fait réalisable. L’essentiel reste de ne pas oublier de sortir la poubelle lors du jour prévu. Ces témoignages convergent vers une acceptation progressive du changement, malgré quelques désagréments liés à l’oubli du jour de collecte.

Il est important de noter que cette nouvelle fréquence concerne principalement les maisons individuelles et les petits collectifs, tandis que dans les grands ensembles résidentiels, la collecte hebdomadaire est maintenue. Cette mesure répond en partie à la difficulté de faire appliquer le tri dans les immeubles où les poubelles ne sont pas systématiquement sorties par les habitants eux-mêmes. Par ailleurs, les zones touristiques bénéficient d’un renforcement temporaire des collectes durant les pics de fréquentation pour éviter tout débordement.

Une mesure économique pour faire face aux coûts croissants

Sur le plan financier, la réduction de fréquence des collectes constitue un levier important pour les collectivités. Elle permet d’atténuer l’impact de la flambée des dépenses liées au traitement sélectif des déchets, qui pèse lourdement sur les budgets locaux. Pourtant, ce dispositif ne conduit pas nécessairement à une baisse immédiate de la taxe d’enlèvement des ordures ménagères, ce qui peut engendrer frustration et incompréhension chez les contribuables.

Les responsables locaux expliquent que cette organisation évite des hausses encore plus importantes des impôts locaux liées à l’explosion du coût du traitement des déchets. Ainsi, bien que la collecte soit réduite de moitié, les prélèvements restent stables voire parfois en légère augmentation, permettant de préserver l’équilibre financier des services municipaux. À Lorient Agglomération, la taxe n’a pas été augmentée depuis 2018 malgré le contexte inflationniste, grâce à la maîtrise des frais liée à la collecte bimensuelle.

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