Conditions de détention des narcotrafiquants à Vendin-le-Vieil

par Olivier
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Conditions de détention des narcotrafiquants à Vendin-le-Vieil
France

Le quartier de haute sécurité de la prison de Vendin-le-Vieil, dans le Pas-de-Calais, a accueilli mardi ses dix-sept premiers détenus parmi une centaine de narcotrafiquants jugés les plus dangereux du pays. Ces prisonniers, condamnés ou suspects dans des affaires de narcobanditisme, sont désormais placés sous un régime carcéral renforcé avec des mesures strictes telles que l’utilisation de brouilleurs de drones et de téléphones, des fouilles obligatoires après chaque contact extérieur, des promenades limitées à cinq détenus, et des déplacements individuels.

Défendant l’un de ces détenus, Me May Sarah Vogelhut dénonce ces conditions de détention qu’elle qualifie d’« atteinte à la dignité humaine ». Son client, auparavant isolé dans une autre prison, bénéficie désormais d’une unité avec quelques camarades, lui permettant des interactions humaines et un accès à des activités, ce qui représente un progrès par rapport à sa situation antérieure.

Des conditions d’incarcération très strictes

À Vendin-le-Vieil, les détenus peuvent recevoir leurs proches au parloir, séparés par une vitre et utilisant un hygiaphone pour communiquer. Cette séparation physique totale est dénoncée pour son impact dévastateur sur la vie privée et familiale. Me Vogelhut estime que ce dispositif est cruel, dégradant et destructeur pour la personnalité des détenus, soulignant que l’absence de contacts physiques, comme le simple fait de tenir la main, risque de briser des liens familiaux essentiels à la réinsertion.

Contrairement à d’autres établissements, les appels téléphoniques sont désormais limités à deux sessions de deux heures par semaine. Me Benoît David, avocat de plusieurs prévenus, critique cette restriction qui accroît l’isolement en limitant les échanges avec l’extérieur. Il déplore aussi l’absence de contacts physiques lors des parloirs, évoquant une situation déshumanisante malgré la rareté des incidents dans ces moments de visite.

Mesures de sécurité renforcées et atteintes aux droits

Les détenus transférés sont réveillés toutes les deux heures durant la nuit et subissent des fouilles corporelles intégrales systématiques après chaque rencontre, y compris avec leurs avocats. Ces conditions posent un problème majeur en matière de droits de la défense, selon leurs conseils, qui dénoncent également les difficultés pratiques pour accéder au centre pénitentiaire.

Une partie des prisonniers n’a pas encore été jugée et certains pourraient être innocentés. Pour limiter les sorties, certains seront interrogés à distance par les juges d’instruction, tandis que d’autres pourraient comparaître en visioconférence, ce que leurs avocats considèrent comme une justice dégradée. Me Vogelhut refuse catégoriquement que son client, condamné en première instance à vingt-cinq ans de prison, soit jugé à distance, soulignant l’importance de la présence physique pour garantir un procès équitable et la perception pleine du déroulement de l’audience.

Des transferts contestés par la défense

Les avocats dénoncent l’atteinte à la dignité humaine que représentent ces conditions d’incarcération et ont engagé des recours devant le tribunal administratif de Lille pour contester le transfert de leurs clients à Vendin-le-Vieil. Me David s’appuie notamment sur une récente décision de la cour d’appel de Douai qui a jugé que les conditions de détention d’un autre détenu, le braqueur Redoine Faïd, étaient contraires à la dignité humaine.

Cette décision est perçue comme un précédent marquant, mettant en lumière les tensions entre la volonté des autorités de renforcer la sécurité dans les prisons spécialisées et le respect des droits fondamentaux des détenus, même ceux impliqués dans des affaires de grande criminalité.

Visite officielle à la prison de Vendin-le-Vieil en cours de rénovation

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