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Le pape François, premier pontife latino-américain à la tête de plus de 1,3 milliard de catholiques dans le monde, est décédé à l’âge de 88 ans. Son décès a été annoncé par les autorités du Vatican le lundi de Pâques, le 21 avril 2025. La fin de sa vie a été marquée par des complications liées à une maladie pulmonaire chronique dont il souffrait depuis sa jeunesse. Sa santé s’est nettement détériorée ces dernières années, conduisant notamment à une hospitalisation prolongée en février 2025, la plus longue de son pontificat de douze ans, en raison d’un problème respiratoire ayant évolué en pneumonie double.
« Chers frères et sœurs, c’est avec une profonde tristesse que j’annonce la mort de notre Saint-Père François », a déclaré le cardinal Kevin Farrell sur la chaîne télévisée du Vatican. « À 7h35 ce matin, l’évêque de Rome, François, est retourné à la maison du Père ».
Des débuts modestes sur le terrain
Né Jorge Mario Bergoglio en Argentine, le futur pape a rejoint la Compagnie de Jésus en 1958, amorçant ainsi une carrière qui allait marquer l’histoire. Son élection en 2013 a constitué une série de premières : il fut le premier pape jésuite et également le premier pontife originaire d’Amérique latine. Dès le début de son pontificat, il s’est imposé comme un leader humble, affichant douceur et accessibilité. Souvent vêtu modestement, il a refusé de résider dans les appartements papaux luxueux du Vatican.
Il a cherché à insuffler une « révolution de la tendresse » au sein de l’Église catholique et à rejeter la « culture du jetable » liée à la société de consommation, ce qui lui a parfois attiré l’irritation des conservateurs pour qui la fermeté morale reste primordiale.
Une jeunesse façonnée par l’engagement et les défis
Issu d’une famille ouvrière argentine, avec un père comptable et une mère au foyer, Jorge Bergoglio a fréquenté un lycée technique où il étudia la chimie et travailla dans un laboratoire, tout en occupant des emplois manuels comme balayeur ou videur. Ces expériences ont sans doute nourri son empathie vis-à-vis des gens ordinaires.
Après avoir prononcé ses vœux de pauvreté, chasteté et obéissance deux ans après son entrée dans la Compagnie de Jésus, il fut ordonné prêtre en 1969. L’ordre jésuite l’a profondément influencé, notamment par son organisation hiérarchique rigoureuse et son engagement missionnaire mondial, privilégiant l’action concrète.
Dans sa jeunesse, Bergoglio fut attiré par cette dimension « militaire » et son désir d’être au « front de l’Église ». Ce fut notamment la période des « guerres sales » en Argentine, où la dictature militaire réprimait violemment les opposants. Le pape lui-même a exprimé des regrets pour ne pas avoir plus fermement combattu la répression à l’époque, se sentant « précipité » dans ses responsabilités.
Exil puis retour transformé
Entre 1973 et 1979, alors qu’il était supérieur provincial des jésuites en Argentine, Bergoglio était un personnage controversé. Reconnu pour son caractère autoritaire et son opposition affirmée à la théologie de la libération, influencée par le marxisme et favorable aux pauvres, il a notamment exilé deux collaborateurs qui furent ensuite arrêtés et torturés par le régime militaire argentin.
Cette période de troubles l’a conduit à l’exil temporaire, notamment en Allemagne puis à Cordoba en Argentine. À son retour, il s’est profondément transformé, consacrant ses efforts aux quartiers défavorisés de Buenos Aires, où il a prêché, distribué la communion et pratiqué des gestes de service symboliques comme le lavage des pieds. Cette démarche l’a rendu très populaire au sein de sa communauté natale.
Élevé archevêque de Buenos Aires en 1998 puis cardinal en 2001 par Jean Paul II, il a en 2014 été reconnu comme ayant secrètement combattu la dictature en organisant un réseau qui a permis à plus d’une centaine de personnes de fuir vers la sécurité.
Un pape controversé et engagé
Élu à la suite de la démission de Benoît XVI, le pape François a immédiatement divisé l’opinion. Admiré pour son image d’homme proche des gens, il a incarné un catholicisme plus « libéral », s’inscrivant dans une ligne de charité et de tolérance. Il a notamment déclaré les athées « rachetables », refusé de juger les personnes homosexuelles, qualifié la carrière dans l’Église de « lèpre » lorsqu’elle devient une quête de pouvoir, et autorisé des prêtres à absoudre les femmes ayant avorté.
Vers la fin de son pontificat, il a condamné les lois discriminatoires anti-LGBTQ+ et a accueilli ouvertement les personnes queer au sein de l’Église.
Cependant, certains lui reprochaient une hypocrisie, notamment concernant la gestion des affaires de prêtres accusés d’abus sexuels ou ses excuses jugées insuffisantes auprès des populations autochtones. Il fut à la fois salué pour avoir redynamisé l’Église et critiqué pour son incapacité à inverser le déclin de ses fidèles.