La ministre française de la Transition écologique, Agnès Pannier-Runacher, s’est dite « déçue » et « en colère » vendredi après l’échec des négociations pour un traité contre la pollution plastique à Genève. « Une poignée de pays, guidés par des intérêts financiers de court terme et non par la santé de leurs populations et la durabilité de leur économie, ont bloqué l’adoption d’un traité ambitieux contre la pollution plastique », a-t-elle regretté dans une déclaration.
Il n’y aura en effet pas de traité contre la pollution plastique : dix jours de pourparlers diplomatiques tendus se sont terminés vendredi à l’aube par un constat d’échec cuisant pour l’environnement et la diplomatie.
Aucun consensus n’a pu être trouvé
Le président des négociations, l’Équatorien Luis Vayas Valdivieso, avait présenté en 24 heures deux versions différentes d’une proposition de compromis, dont la dernière dans la nuit du 14 au 15 août, dans une ambiance fiévreuse et inquiète. Mais les chefs de délégation réunis en session exceptionnelle à l’aube n’ont pas réussi à se mettre d’accord sur cette dernière version malgré une sensible évolution dans la formulation.
Ce texte, qui comportait encore plus d’une centaine de points à clarifier, constituait une « base acceptable de négociation », avaient indiqué deux sources gouvernementales distinctes interrogées par l’AFP juste après la mise en ligne du texte sur le site onusien des négociations. En séance, il n’a pas fait consensus, comme l’ont signalé les représentants de l’Arabie saoudite, de l’Inde et de l’Uruguay.
Une production de plastique incontrôlable
Tout au long du processus, une guerre de tranchées a opposé deux camps apparemment irréconciliables. Les « ambitieux », parmi lesquels l’Union européenne, le Canada, l’Australie, de nombreux pays d’Amérique latine, d’Afrique et des États insulaires, souhaitaient réduire la production mondiale de plastique et contrôler les molécules les plus préoccupantes pour la santé afin de diminuer la pollution plastique.
En face, des pays essentiellement pétroliers refusaient toute contrainte sur la production d’hydrocarbures à la base de l’industrie plastique et toute interdiction de molécules ou d’additifs dangereux. Ces délégations ne supportaient pas que toute la négociation se fonde sur « toute la durée de vie » du plastique, c’est‑à‑dire depuis la substance dérivée du pétrole jusqu’à son état de déchet.
Le sujet est d’autant plus crucial que la planète a produit plus de plastique depuis 2000 que durant les cinquante années précédentes, majoritairement sous la forme de produits à usage unique et d’emballages.
