Euthanasie des chevaux : un débat secoué par une hécatombe au Mans

par Olivier
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Euthanasie des chevaux : un débat secoué par une hécatombe au Mans
France

Le samedi 3 mai, l’hippodrome du Mans, situé dans la Sarthe, a connu une journée exceptionnelle et dramatique lors d’une réunion dédiée exclusivement aux courses de galop. Trois chevaux ont dû être euthanasiés à la suite de blessures survenues en pleine course, un événement rare qui a suscité une vive émotion et de nombreuses interrogations quant aux conditions de course et à la protection animale.

Contrairement à une idée reçue selon laquelle les accidents mortels sont fréquents dans le monde hippique, la vétérinaire Cécile Fernandez-Totain, active depuis une trentaine d’années dans les hippodromes, rappelle que ces incidents restent « très rares et exceptionnel[s] ». Les chevaux de course, qu’ils pratiquent le galop, l’obstacle ou le trot, sont des athlètes de haut niveau soumis à de fortes contraintes physiques. Leur vitesse élevée les expose à des risques, mais la majorité des accidents ne sont pas mortels.

Les raisons qui conduisent à l’euthanasie des chevaux

L’euthanasie intervient principalement pour des raisons humanitaires. En effet, lorsqu’un cheval subit une fracture grave, en particulier aux membres antérieurs ou postérieurs, la réparation chirurgicale est souvent impossible. Les os situés au-dessus du boulet sont particulièrement délicats à soigner, car un cheval ne peut pas survivre en se déplaçant sur trois pattes. Dans ces situations, l’euthanasie est la seule option pour éviter d’infliger des souffrances inutiles à l’animal.

Cécile Fernandez-Totain précise que si le cheval peut continuer à vivre malgré la blessure, l’euthanasie n’est jamais envisagée. Elle souligne aussi que certains entraîneurs et propriétaires s’efforcent considérablement de sauver leurs chevaux, parfois jusqu’à revenir à contrecœur demander leur euthanasie après plusieurs tentatives de soins. « On ne tue pas son cheval par plaisir », insiste-t-elle.

Une hécatombe exceptionnelle sur les courses à plat

L’accumulation de blessures graves au Mans a été jugée très rare par les professionnels. Les courses à plat, en particulier, enregistrent habituellement très peu d’accidents d’une telle gravité. Cette situation exceptionnelle a conduit à s’interroger sur les conditions de surface de la piste qui auraient pu être altérées par des intempéries, réduisant ainsi l’homogénéité du sol et augmentant les risques liés à la vitesse des chevaux.

L’entraîneuse Anastasia Wattel a tiré la sonnette d’alarme, dénonçant dans une lettre ouverte un « refus d’écouter » les avertissements répétés adressés aux commissaires. Elle relate qu’au cours de la deuxième course, son cheval a subi une fracture grave, rapidement suivie par le traumatisme d’un autre cheval à proximité, ce qui représentait deux signaux d’alerte majeurs. Malgré sa demande de suspension de la course et de réévaluation de la piste, aucune mesure n’a été prise.

Pour sa part, Christian Bazire, président de la société des courses du Mans, a défendu la tenue des épreuves en affirmant que des contrôles techniques avec un pénétromètre effectués le jour même avaient conclu à une piste de consistance « légère », conformément au protocole en vigueur établi par France Galop.

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