Partir à la conquête d’une ville, d’une région ou d’un pays parce qu’on a découvert le lieu à la télévision, au cinéma ou dans un roman : la combinaison fictions et voyages guide souvent nos choix de destinations. Beaucoup d’entre nous ont déjà programmé un week-end ou des vacances en se laissant séduire par un décor aperçu dans une œuvre de fiction, qu’il s’agisse d’un film, d’une série, d’un documentaire ou d’un livre.
On pense immédiatement à Montmartre après Le fabuleux destin d’Amélie Poulain, aux falaises d’Étretat popularisées par la série Lupin et les romans de Maurice Leblanc, ou encore à Paris ramenée sous les projecteurs par Emily in Paris. On peut aussi avoir envie de marcher dans les pas de Marcel Pagnol et de visiter le Château de la Buzine, flâner dans la Drôme après un reportage d’Échappées belles sur France 5, ou plonger devant le Château d’If à Marseille pour revivre l’aventure du Comte de Monte-Cristo d’Alexandre Dumas.
L’influence des fictions… d’abord chez les jeunes
Une étude menée par Opodo éclaire la façon dont nous nous laissons influencer. Contrairement aux idées reçues, ce ne sont pas toujours les séries qui entraînent le plus de départs : ce sont les documentaires. Ils arrivent en tête comme source d’inspiration pour 65 % des répondants parmi les œuvres fictionnelles, très loin devant les films et vidéos (30 %), les séries TV (16 %), les livres (15 %) et les podcasts (6 %).
Cependant ces chiffres varient nettement selon l’âge. Détail notable de l’étude : 71 % des personnes de 65 ans et plus se fient principalement aux documentaires, tandis que 62 % des 18-24 ans déclarent être davantage influencés par les films et vidéos pour choisir une destination. Pour les plus jeunes, la fiction à l’écran devient ainsi un véritable moteur de découverte, à l’image de Londres et de la gare de King’s Cross avec la plateforme 9 3/4 pour les fans d’Harry Potter.
Se prendre pour Luke Skywalker
Opodo identifie aussi les univers fictifs qui attirent les Français : 32 % se disent attirés par les sites historiques, 24 % par les mondes magiques, 20 % par les sites sous-marins, 17 % par l’espace et 13 % par les univers futuristes. Si l’exploration spatiale à la manière d’Interstellar reste difficilement accessible, des lieux concrets permettent néanmoins d’incarner des escapades imaginaires : ainsi le village troglodyte de Matmata en Tunisie et l’Hôtel Sidi Idriss, reconnus pour avoir servi de décor à Star Wars, offrent la possibilité de se glisser dans la peau d’un personnage de la saga.
Les hommes semblent par ailleurs plus attirés par les voyages dans les étoiles (22 %) que les femmes (13 %).
Ce phénomène d’évasion inspirée par la fiction n’est pas nouveau. Dans les années 1970, la saga des Gendarmes a fait venir du public à Saint-Tropez ; dans les années 1980, Astoria dans l’Oregon attirait les amateurs des Goonies, tandis que Devils Tower dans le Wyoming devenait une halte pour les fans de Rencontres du 3e type. Plus récemment, le Da Vinci Code a contribué à faire affluer des visiteurs au musée du Louvre, et le film Bienvenue chez les Ch’tis a inspiré des circuits touristiques à Bergues.
Selon l’étude, 84 % des personnes interrogées avouent déjà avoir fait leurs valises pour une destination découverte dans une œuvre de fiction. Les plateformes et acteurs du tourisme s’en saisissent : Netflix propose ainsi un site recensant les lieux évoqués dans certaines de ses séries françaises, netflix-en-france.fr, et des agences spécialisées en ciné-tourisme existent, comme Amplitude.
Ce goût pour les échappées fictionnelles peut aussi poser des problèmes locaux : le succès d’un lieu mis en lumière par une série — qu’il s’agisse d’un quartier, d’une place ou d’un monument — peut alimenter le surtourisme et l’exaspération des habitants.
*Étude menée par OnePoll pour eDreams ODIGEO du 14 février au 13 mars 2025 auprès de 9 000 consommateurs dans le monde, dont 1 000 Français ayant voyagé à l’étranger au cours des cinq dernières années.