Florian Fiquet : L’écoaventurier qui voyage autrement en France

par Olivier
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Florian Fiquet : L'écoaventurier qui voyage autrement en France
France

L’Asie centrale dans le Massif central, la Patagonie dans les Alpes, le Canada dans les Vosges… Selon Florian Fiquet, 31 ans, « on peut traverser les cinq continents sans prendre l’avion ». Depuis deux ans, ce Montpelliérain, qui se définit comme « créateur de contenus et d’aventures », démontre à ses 60 000 abonnés qu’il est possible de « voyager autrement ». Son but principal : changer les mentalités face aux enjeux climatiques.

En 2022, Florian a eu un déclic. Après plusieurs années passées dans la communication pour des ONG humanitaires à l’international, il décide de prendre « un pas de côté » dans sa carrière. « Je ressentais de plus en plus de frustration et d’anxiété face aux conséquences du réchauffement climatique, se souvient-il. Je voulais m’engager davantage pour l’écologie, en cherchant à avoir des impacts positifs. »

Plus de 3 000 km à pied comme première aventure

De retour en France, il se lance dans son premier défi : marcher, seul, et sur une longue distance. Il parcourt ainsi l’Hexatrek, un itinéraire de 3 000 km traversant quatorze parcs naturels, des Vosges jusqu’aux Pyrénées, en 137 jours. « J’en ai profité pour documenter tout le voyage sur les réseaux sociaux », explique-t-il. Déjà habitué à ce mode de communication, il partage sur Instagram un mélange de photos et vidéos de paysages époustouflants, ses observations écologiques et des conseils pratiques. « Ça a plutôt bien fonctionné, confie-t-il avec fierté. C’est ainsi, en faisant ce que j’aimais, que je suis devenu, un peu malgré moi, un écoaventurier. »

Florian Fiquet en randonnée dans la nature, partageant ses aventures sur Instagram

Grâce à cette première expérience, il réalise que la France offre une diversité de paysages impressionnante. « J’ai vraiment compris qu’il y avait des voyages extraordinaires à faire sans partir à l’autre bout du monde », ajoute-t-il. Fort de ce constat, il a planifié quatre étapes de 150 à 200 km à pied pour son prochain défi : « faire le tour du monde » en restant en France, pour « être dépaysé » tout en proposant un récit d’aventure « bien moins polluant ».

Raconter l’écologie sans la nommer

Bien que qualifié d’écoaventurier, Florian évite d’aborder l’écologie directement dans ses contenus. « Je souhaite en parler sans forcément utiliser ce mot, car il peut faire peur », explique-t-il. Son objectif est de montrer de belles destinations en France, ce qui rend le voyage écologique implicitement, attirant ainsi ceux qui restent réticents sur ces sujets. « En parallèle, j’essaie aussi de toucher les voyageurs sensibles en leur montrant qu’il est possible de voyager en minimisant son empreinte carbone. »

Comment procède-t-il ? « En essayant de toucher les gens », résume-t-il. Par exemple, pour évoquer la disparition des glaciers, il s’est rendu dans les Pyrénées, où ils sont menacés de disparition dans les quinze prochaines années. Il précise : « Ça marche parce que je dis : ‘C’est ici, chez nous, dans nos montagnes, et c’est pour demain, pas en Antarctique à la fin du siècle.’ »

Il illustre aussi ce message lorsqu’il séjourne dans le massif du Mont Blanc en pleine canicule, où pour la première fois en juin, l’isotherme se situe à 0°C à 5 000 m d’altitude. « Entre les belles images, j’intègre des messages écologiques pour que ma communauté perçoive les effets directs du changement climatique. Chaque aventure en est la preuve », conclut-il.

Ne pas participer au tourisme de masse

La stratégie portée par Florian s’avère efficace. Lors du lancement de son « tour du monde en France » en mai, il comptait déjà 35 000 abonnés. « Les contenus fonctionnent, sourit-il. Mais ce qui me rend le plus heureux, c’est quand des gens m’écrivent pour dire qu’ils ont renoncé à prendre l’avion pour leur prochain voyage grâce à mes publications. »

Florian casse les codes du monde de l’influence en conférant une place importante à l’écologie. « C’est aussi ma manière de montrer qu’il est possible de créer des vidéos virales tout en ayant un impact positif, et de concilier cette activité avec un mode de vie durable. » Pour cela, il refuse de contribuer au tourisme de masse en ne révélant pas les localisations précises de certains sites sensibles. « Ces lieux préservés ne sont pas prêts à recevoir des milliers de visiteurs simultanément », argue-t-il.

« J’encourage plutôt la curiosité et la sobriété, en insistant sur le fait qu’il n’est pas nécessaire d’aller dans un lieu précis pour dire ‘je l’ai fait’ ou cocher une case », ajoute-t-il.

Provoquer de nouveaux imaginaires

Pour Florian, le succès ne tient pas à un secret particulier. « On peut transformer n’importe quel paysage en une destination attractive en suscitant l’envie, confirme-t-il. C’est ainsi que fonctionnent les agences de voyages depuis des années, en créant des imaginaires. Mon but est de proposer de nouveaux imaginaires à l’échelle locale. »

Après son tour du monde, son prochain défi sera de structurer son activité en créant un site web, proposant des guides digitaux et des conseils pour voyager autrement. Il souhaite continuer à créer du lien entre nature et conscience écologique. « Je n’ai pas trouvé la recette magique pour faire changer les mentalités, mais j’ai trouvé une manière de les toucher. Et c’est déjà énorme. »

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