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C’est la première fois en douze ans qu’Arnaud prépare ainsi son départ vers Clisson, où se déroule la 18e édition du Hellfest. Anticipant les fortes chaleurs annoncées, il a glissé un grand pack d’eau dans son coffre. La température devrait dépasser les 35 degrés dès jeudi, atteindre 37 vendredi, puis culminer à 39 degrés le samedi, avec un ressenti pouvant atteindre 43 degrés. Face à cette canicule annoncée, Arnaud a prévu des pare-soleils pour le camping afin d’éviter de « cuire » sous le soleil.
Comme beaucoup de festivaliers, il adopte sa tenue habituelle. Au Hellfest, le dress-code est clair : un tee-shirt noir à l’effigie du festival ou du groupe préféré. Pourtant, la science rappelle que porter du noir en plein soleil garantit l’absorption maximale de chaleur, ce qui serait déconseillé quand les températures dépassent les 40 degrés. Pourtant, nombreux sont ceux qui ne renonceront pas à leur tenue emblématique. « Éviter le noir ? Hors de question ! Les tee-shirts de metal sont noirs », explique Mathieu, un habitué, évoquant cette couleur comme une norme à assumer. Arnaud, quant à lui, a fait l’exception cette année en choisissant une chemise à fleurs légère et aérée, mieux adaptée à la chaleur.
Attention aux tatouages exposés au soleil
Cette chaleur intense n’est pas une nouveauté pour le Hellfest. En 2022 déjà, le festival avait connu des températures dépassant les 40 degrés, provoquant 800 interventions des secours en Loire-Atlantique pour des malaises liés à la chaleur. Tous les ans, les festivaliers anticipent la montée des températures. Mathieu, qui fréquente le Hellfest depuis six ans, évoque son équipement indispensable : chapeau officiel, lunettes de soleil, short, tee-shirt noir, crème solaire, et surtout beaucoup d’eau, un kit « suffisant pour survivre » à la chaleur.
Pour protéger les festivaliers, les organisateurs ont renforcé le dispositif sanitaire et logistique : gourdes autorisées (après contrôle à l’entrée), points d’eau gratuits, brumisateurs disséminés sur le site et arrosages réguliers devant les scènes. Des zones d’ombre sont aménagées, même si elles ne peuvent accueillir les 60 000 personnes attendues chaque jour. Par ailleurs, des échantillons de crème solaire développée localement seront distribués, un geste essentiel surtout pour les tatoués. En effet, la peau tatouée est plus sensible au soleil et chauffe davantage. Malou, tatouée sur les bras, insiste sur la nécessité d’un indice 50 pour éviter tout risque.
Une solidarité exacerbée malgré la chaleur
Malou, fidèle du festival depuis 2009, ne se prive pas des contacts humains malgré la chaleur étouffante : « On pue tous, on colle tous, mais on est tous des copains, donc la proximité ne nous dérange pas. » Arnaud partage ce sentiment, comparant la chaleur à la pluie : « C’est chiant cinq minutes, mais ensuite tout le monde est dans le même état. »
Les conditions seront plus rudes pour les techniciens et les 180 groupes programmés, qui travailleront ou joueront en plein soleil. Les membres du groupe Gravekvlt, habitués aux grosses chaleurs, se réjouissent néanmoins d’évoluer sur une scène couverte, qui les protège partiellement du soleil. Le chanteur Val raconte les difficultés rencontrées lors de concerts précédents par plus de 35 degrés, avec des signes d’épuisement comme des points jaunes devant les yeux et un mal de tête. Pour limiter l’inconfort, le groupe adopte une tenue légère en mini-short et débardeur, fidèle à leur image rétro. En revanche, porter des costumes lourds sur scène risque d’être compliqué pour d’autres artistes. L’éclairage joue aussi un rôle : les nouvelles ampoules LED génèrent moins de chaleur et les projecteurs sont installés très haut sur les grandes scènes, ce qui limite l’impact thermique.
Moins d’alcool pour mieux supporter la chaleur
Au-delà du chapeau et de la crème solaire, certains festivaliers adoptent une stratégie hydratation particulièrement avisée. Christian explique une règle simple au sein de son groupe : alterner une pinte d’eau entre deux pintes de bière. Cette méthode évite la déshydratation sans renoncer à la fête. L’alcool, en réalité, est un facteur aggravant en cas de forte chaleur : il déshydrate, réchauffe le corps à cause de son effet vasodilatateur et diminue la vigilance, augmentant les risques de malaise.
Arnaud constate avec humour que, malgré la chaleur extrême, l’abondance de transpiration limite fortement les besoins d’uriner, un « bon point » pour supporter les journées caniculaires du Hellfest.