Sommaire
L’essentiel
- Diffusée début octobre sur France 2, l’émission « Rendez-vous chez le psy » a suscité l’irritation de plusieurs professionnels.
- Documentaires, soirées spéciales et fictions : les programmes consacrés à la psychologie et à la santé mentale se sont multipliés ces dernières années.
- Les relations entre les psys et le petit écran oscillent entre intérêt médiatique et critiques éthiques.
Une émission critiquée dès sa diffusion
« Rendez-vous chez le psy », nouveau format diffusé sur France 2 lors des Semaines d’information sur la santé mentale, a rapidement provoqué la colère de plusieurs associations de praticiens. Présenté comme « une plongée sans filtre dans la réalité d’une séance thérapeutique », le programme a été dénoncé par certains professionnels qui y voient une forme de téléréalité offrant une vision « très parcellaire » de la profession, selon un article du quotidien Le Parisien.
Ce débat interroge plus largement la façon dont la psychologie télé est traitée : entre pédagogie, sensationnalisme et questions éthiques, la représentation médiatique de la thérapie reste controversée.
Des couples exposés sur le divan
Dès les années 1980, la télévision française s’empare du thème de l’intime. Pascale Breugnot présente alors sur Antenne 2 le « Psy-show », un programme mêlant invités, public et psychanalyste pour exposer des conflits de couples, avec des comédiens rejouant des scènes racontées par les participants. Ce format, qualifié de télévoyeuriste par certains observateurs, suscite même des réactions au niveau institutionnel ; des archives et documents d’INA gardent trace de cette controverse. Une sémiologue évoque à l’époque ces émissions comme « les premières à mettre en scène l’analyse, la détresse et la solution par la psychologie ».
Dans la même décennie, d’autres rendez‑vous télévisés empruntent l’esthétique de la psychanalyse : Henry Chapier anime « Le Divan », un entretien avec des personnalités fondé sur les codes visuels de la psychanalyse, idée reprise plus tard par d’autres animateurs.
Une vidéo d’archive permet de revoir l’introduction de ces programmes et d’apprécier leur mise en scène.
De la télé de l’intime à la santé mentale
Les décennies suivantes voient se multiplier les émissions centrées sur le mal‑être et les souffrances personnelles : « Bas les masques », « Ça se discute », « Confessions intimes » ou « Il faut que ça change » multiplient témoignages et interventions de thérapeutes. Selon des analystes des médias, la télévision use de ces formats pour affirmer sa capacité à « avoir une solution » et à capter l’attention du public.
Parallèlement, le psychologue devient une figure médiatique récurrente, invité sur les plateaux pour commenter des sujets sociétaux. Cette visibilité n’est pas sans risques : des mises en examen récentes de personnalités médiatiques exerçant comme psychanalystes ont renforcé les critiques sur la manière dont la profession est exposée.
Plus récemment, la santé mentale s’est imposée comme une thématique publique, comparable à une grande cause nationale en 2025, et a donné lieu à des documentaires donnant la parole à des personnalités et à des programmes destinés aux jeunes, comme des contenus éducatifs sur des plateformes jeunesse.
Le cas d’école : rendre la thérapie visible à la télévision
France 2 a franchi une étape en centrant entièrement son nouveau programme sur la thérapie : « Rendez‑vous chez le psy » met en scène de véritables patients et thérapeutes, filmés dans un cabinet reconstitué en studio, sans caméras apparentes. Le but affiché est de sensibiliser à l’importance de la santé mentale et de désacraliser la consultation d’un psy.
Pour plusieurs praticiens, toutefois, rendre compte de la pratique thérapeutique à la télévision pose d’importantes questions déontologiques, en particulier sur le secret professionnel. Des organisations de psychologues ont exprimé leur opposition et évoqué des recours, y compris juridiques, tandis que certains responsables de production expliquent qu’il s’agit d’une « expérience » télé distincte d’une vraie thérapie.
Des spécialistes estiment par ailleurs qu’expliquer pédagogiquement les ressorts de la psychothérapie dans un format documentaire peut être utile, mais qu’il est illusoire de rendre fidèlement à l’écran la singularité et l’intimité d’une séance, processus par nature non standardisable et non mathématique.
La fiction : un terrain plus propice à l’empathie
La fiction semble offrir un cadre plus adapté pour aborder la psychanalyse et la santé mentale. La série adaptée du format israélien Betipul, En thérapie, a particulièrement touché le public en 2020 et 2021 en utilisant la séance psychanalytique comme cellule dramatique, donnant de la profondeur aux patients et favorisant l’identification.
D’autres créations audiovisuelles explorent ces thématiques — fiction courte, drame psychologique ou séries situées en milieu psychiatrique — et cherchent à déconstruire les stéréotypes (par exemple l’image archaïque de l’hôpital psychiatrique) tout en proposant des approches sensibles et nuancées. Selon certains psychanalystes, la fiction permet de « sublimer » et d’éclairer des enjeux complexes avec davantage d’épaisseur narrative qu’un simple format documentaire.
Pour approfondir l’histoire des programmes qui ont tenté d’apprivoiser la psychologie à l’écran, les archives audiovisuelles et des critiques de presse offrent un panorama des formes prises par la psychologie télé au fil des décennies.
Sources citées dans le texte : articles du quotidien Le Parisien, archives INA, un article de Télérama, une analyse publiée par Le Monde, et une vidéo d’archive YouTube.
Topic : Société
Tags : psychologie, télévision, santé mentale, France
