Le fils de Sam : plongée dans l’esprit d’un serial killer

par Olivier
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Le fils de Sam : plongée dans l'esprit d'un serial killer
États-Unis

« Vous m’avez eu, vous avez mis du temps ! » Le 10 août 1977, « le tueur au calibre 44 », autoproclamé « le fils de Sam », est arrêté à New York. En l’espace de deux ans, ce modeste employé des Postes a froidement abattu six personnes et en a grièvement blessé sept autres, semant la terreur dans toute la ville. Qui était vraiment David Berkovich ? Près d’un demi-siècle après ces crimes, la mini-série documentaire Le fils de Sam : Autoportrait d’un tueur diffusée sur Netflix éclaire d’un jour nouveau l’itinéraire sanglant et la personnalité démoniaque de ce serial killer.

Un monstre que New York n’oubliera pas

David Berkovich a terrorisé New York entre juillet 1976 et juillet 1978. Toujours incarcéré, il figure aujourd’hui parmi les serial killers dont l’histoire a retenu le nom aux côtés de Ted Bundy, Jeffrey Dahmer ou Jack l’Éventreur. Qualifié de « taré de première » par le journaliste Jack Jones qui l’a plusieurs fois interviewé, Berkovich fait l’objet d’une attention particulière dans cette mini-série documentaire qui exhumme notamment des interviews audio réalisées par Jones.

La série captive d’emblée le spectateur par les propos glaçants du tueur, le récit précis des faits, ainsi que par la mise en scène millimétrée de Joe Berlinger, réalisateur passionné de tueurs en série ayant déjà signé Conversations With a Killer : The Ted Bundy Tapes pour Netflix.

Les traumas de l’enfance

« Ça ramène à l’image de ces filles qui couchent dans une voiture avec des mecs. Inconscientes, quoi. C’est dégradant pour moi de savoir que j’ai été un accident. » Ces mots de Berkovich résonnent comme le reflet de ses traumatismes d’enfance : un enfant non désiré, abandonné à sa naissance par une mère tombée enceinte hors mariage. C’est aussi le témoignage d’un homme rongé par une haine viscérale envers les femmes, en particulier celles à la chevelure brune et mi-longue, fréquentes parmi ses victimes.

La série, composée de trois épisodes d’une heure, explore aussi bien les crimes de Berkovich à travers ses propos que sa vie personnelle, jonglant habilement entre présent et passé pour maintenir le suspense.

Étudier le type comme une cellule cancéreuse

Au fil des trois épisodes, les huit fusillades perpétrées par Berkovich sont dévoilées, menant à un retournement de situation inattendu. Les témoignages abondent, avec la participation de policiers ayant enquêté sur cette affaire complexe où il a fallu longtemps pour relier les crimes entre eux.

Parmi les intervenants, des journalistes spécialisés, dont Jack Jones, expliquent l’importance d’étudier des individus comme Berkovich « comme on étudierait une cellule cancéreuse ». Des survivants de ses attaques témoignent également, offrant un regard poignant sur l’horreur qu’ils ont traversée lorsqu’ils ont vu leurs proches tomber sous les balles.

« J’avais juste besoin de tuer »

Le documentaire, ponctué d’interviews, d’images d’archives et de séquences reconstituées, glace le sang lorsque Berkovich détaille ses motivations : « Je sortais tous les soirs, réglé comme une horloge… le sentiment de puissance, je m’en fichais, j’avais juste besoin de tuer ». Une de ses lettres adressées à Borelli, policier chargé de l’enquête, révèle son obsession : « J’adore chasser, rôder dans les rues, à la recherche de gibier, de viande savoureuse. »

Malgré le suspense, la fin reste connue, mais la série tient en haleine en dévoilant comment « le fils de Sam » a été arrêté. Lors de son procès, il refusa de plaider la folie et préféra reconnaître pleinement ses crimes, semblant chercher une forme de reconnaissance médiatique.

L’origine du surnom « fils de Sam »

Le surnom « fils de Sam » provient du nom du chien labrador de son voisin, Sam Carr. Les aboiements incessants de ce chien avaient bouleversé Berkovich au point qu’il tenta de le tuer. Quant au surnom « tueur au calibre 44 », il fait référence à une arme rare aux États-Unis à cette époque.

Le film Taxi Driver (1976) pourrait aussi avoir inspiré ce pseudonyme. Dans une scène, Martin Scorsese, qui fait un caméo, dit à Robert De Niro parlant de sa femme infidèle : « Je vais la tuer avec un 44 ». Berkovich, vétéran du Vietnam lui aussi perturbé mentalement, se serait identifié au personnage de De Niro. « C’était moi dans le film, vous voyez ! » confiera-t-il depuis sa prison lors d’une interview.

David Berkovich s’est converti au christianisme en 1987, dix ans après son arrestation, et se fait désormais appeler « fils de l’espoir ». Condamné à six peines de prison à vie cumulées – soit 325 ans –, sa dernière demande de libération conditionnelle a été refusée en mai 2024, laissant peu d’espoir de sortir un jour de prison à ce tueur en série.

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