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En 2002, Aileen Wuornos a été exécutée par injection létale en Floride pour le meurtre d’au moins six hommes. Bien qu’elle fût également suspectée dans la disparition d’un autre homme dont le corps n’a jamais été retrouvé, elle n’a jamais été officiellement inculpée pour ce crime. Conformément à la procédure, Wuornos a eu droit à un dernier repas ainsi qu’à l’expression de ses derniers mots. Ces choix reflètent l’état d’esprit tourmenté et les nombreuses difficultés psychologiques qui ont marqué toute sa vie (source).
Malgré sa condamnation, Wuornos reste une figure tragique. Son histoire a été popularisée par le film « Monster » (2003), dans lequel Charlize Theron a livré une interprétation saluée par la critique. Issue d’un foyer brisé, elle a grandi chez ses grands-parents. À la mort de sa grand-mère, son grand-père, qu’elle accusait d’abus, l’a rejetée. Elle a également évoqué une relation incestueuse avec son frère. Livrée à elle-même, elle vécut seule dans les bois. À l’âge adulte, elle mena une vie errante faite de prostitution et d’auto-stop, n’ayant que peu d’interactions avec la justice (source).
Si vous ou une personne proche avez été victime d’agression sexuelle, un soutien est disponible. Consultez le site du Rape, Abuse & Incest National Network ou contactez la ligne d’assistance nationale RAINN au 1-800-656-HOPE (4673).
Un mariage annulé rapidement

Au milieu des années 1970, Aileen Wuornos tenta de sortir de son cycle infernal en épousant Lewis Fell, un riche propriétaire de yacht. Toutefois, ses démons reprirent rapidement le dessus. Après une altercation physique suivie d’une arrestation pour une nouvelle bagarre, le mariage fut annulé. Wuornos se retrouva à nouveau à la rue en Floride et commença à commettre des délits pour survivre.
Peu après, elle rencontra Tyria Moore, femme de ménage avec laquelle une relation amoureuse se noua. Ce tournant marqua une escalade dans ses actes criminels, passant d’agressions et délits mineurs à une série de meurtres. Entre la fin 1989 et l’automne 1990, Wuornos et Moore laissèrent derrière eux six hommes assassinés.
Prostituée qui assassinait puis volait ses clients, Wuornos plaida coupable pour le meurtre de Richard Mallory, en invoquant d’abord la légitime défense avant de revenir sur ses propos. Elle fut jugée pour cinq autres homicides et reconnut un septième meurtre dont elle ne fut jamais formellement accusée (source).
Une condamnation controversée

Malgré ses aveux, la condamnation à mort prononcée en 1992 suscita une vive polémique, notamment à cause des troubles mentaux dont souffrait Wuornos selon ses avocats. De plus, le gouverneur de Floride de l’époque, Jeb Bush, venait de retirer un sursis aux exécutions, ce qui fut perçu par certains comme une décision à visée politique, liée à sa réélection imminente (source).
Wuornos elle-même exprimait une haine profonde pour la vie humaine, déclarant : « Je suis celle qui déteste sérieusement la vie humaine et tuerait encore… J’ai la haine qui ronge tout mon être. » Lors de son procès, elle assuma pleinement ses crimes et déclara : « Je suis aussi coupable que possible… Je veux que le monde sache que j’ai tué ces hommes, coeur froid. Je déteste les humains depuis longtemps. Je suis une tueuse en série. Je les ai tués de sang-froid, de façon très cruelle. » Son ancien avocat de la défense la qualifia de patiente la plus gravement malade mentalement qu’il ait défendue. Un réalisateur de documentaires qui l’interviewa peu avant son exécution conclut à l’exécution d’une personne « folle ».
Un dernier repas et des mots énigmatiques

Les derniers mots énigmatiques de Wuornos semblent confirmer ce portrait : « Je tiens juste à dire que je navigue avec le Rocher et que je reviendrai comme dans ‘Independence Day’ avec Jésus, le 6 juin, comme dans le film, avec le grand vaisseau-mère. Je reviendrai. » Ces paroles, prononcées le 9 octobre 2002 juste avant sa mort par injection létale, faisaient référence au film de science-fiction américain « Independence Day » (1996) avec Will Smith.
Quant à son dernier repas, il se réduisait apparemment à une simple tasse de café, ce qui reste atypique pour ce type de situation (source).
À son dernier jour, Wuornos paraissait sereine, presque impatiente de quitter ce monde. Un gardien ayant croisé sa route en détention nota qu’elle se montrait très en colère contre les médias et les institutions corrompues, affirmant qu’elle attendait avec impatience son exécution afin d’être auprès de Dieu et de punir les malfaiteurs qui l’avaient blessée.
Aileen Wuornos avait 46 ans lorsqu’elle est décédée.
