L’aube se levait à peine lorsque, le 2 juin à 5 heures du matin, une équipe du Groupe National de Sauvegarde des Arbres (GNSA) s’est rassemblée près de l’Assemblée nationale. Leur objectif était clair : permettre au maximum de militants d’escalader les platanes du boulevard Saint-Germain afin de protester contre la loi de validation relative à l’autoroute A69, dont le débat parlementaire était prévu ce jour-là.
Seul un « écureuil », terme utilisé pour désigner un grimpeur d’arbres expérimenté, a réussi à atteindre l’une des branches du platane en appliquant des techniques d’arboriculture. Harold, arboriste-grimpeur et militant écologiste pacifique, précisait : « On savait que c’était tendu. On était juste devant l’Assemblée nationale, les forces de l’ordre étaient très présentes, alors que nous étions peu nombreux. »
Une protestation contre une loi controversée
Perché à 7-8 mètres de hauteur, Harold a lancé une corde équipée d’un sac lesté pour s’équiper davantage. « On est venu m’aider à tirer de l’autre côté, car j’avais 55 kg de matériel sur le dos : eau, banderoles, mousquetons, et cordes supplémentaires », expliquait-il. D’autres militants étaient censés le rejoindre, mais l’intervention rapide des forces de l’ordre les en a empêchés. Harold a alors déployé les banderoles « Non à la loi de validation » et « Stop à l’A69 » pour signifier leur opposition.
Selon Gaspar, également membre du GNSA, la mobilisation vise à rappeler que la lutte demeure vive : « Cette loi permet de passer outre une décision de justice et de valider un projet que le tribunal administratif de Toulouse a jugé illégal. » Portée par le député Renaissance Jean Terlier et déjà votée au Sénat, la loi de validation accorde au chantier de l’autoroute reliant Castres à Toulouse le statut de « raison impérative d’intérêt public majeur ».
Cette mesure ouvre la porte à des dérogations en matière de protection des espèces, au nom du désenclavement territorial. Elle pourrait également prévenir tout nouvel arrêt des travaux en validant rétroactivement les autorisations environnementales.
Un parcours législatif accéléré
Le même jour, un coup de théâtre a eu lieu : une motion de rejet, déposée par La France Insoumise, a été adoptée à l’unanimité, accélérant ainsi le processus législatif. Le texte a été directement transmis à une commission mixte députés-sénateurs, comme ce fut le cas pour la loi Duplomb sur les pesticides. Cette manœuvre a empêché le débat des 700 amendements déposés.
Pour le GNSA, cette commission doit se montrer impartiale afin d’« invalider une loi inconstitutionnelle ». Vers 11h30, Harold a été délogé pacifiquement par les pompiers, équipés d’une grande échelle. Après avoir passé la matinée perché à dix mètres de hauteur, il a été interpellé, puis relâché après vérification d’identité par les forces de l’ordre.
