Sommaire
Procès historique contre Bayer-Monsanto
En 2018, Théo Grataloup et sa famille ont engagé une action en justice contre le géant Bayer-Monsanto, tenu responsable de la commercialisation du glyphosate. La mère de Théo, Sabine, a été exposée à ce pesticide durant le premier mois de sa grossesse, entraînant de lourdes malformations chez son enfant. Théo, aujourd’hui âgé de 17 ans, a déjà subi 55 opérations chirurgicales depuis sa naissance. Après sept ans d’attente, le procès s’est tenu le 3 avril à Vienne, en Isère, marquant un moment historique en France.
La famille Grataloup espère ardemment que ce procès soit l’occasion de faire entendre leur voix et de générer des évolutions législatives. Sabine Grataloup, avec détermination, exprime que chaque jour depuis 2008 a été consacré à la recherche, à la lecture d’études et au contact avec des spécialistes. Son but est de faire reconnaître la responsabilité de la multinationale dans les malformations de son fils, qu’elle attribue directement à son exposition au glyphosate.
Théo est né avec des malformations du larynx et de l’œsophage, nécessitant une intervention chirurgicale dès l’âge de trois mois. Sabine raconte avec émotion les luttes de son fils pour survivre et affirme que sa vie a été profondément affectée par cette situation. Elle déplore le fait que Monsanto ait minimisé les dangers de son produit, une trahison qu’elle ne peut pardonner.
Recherche et sensibilisation
Un an après la naissance de Théo, Sabine a réalisé qu’elle avait été en contact avec le glyphosate en désherbant sa carrière équestre. Elle se souvient que les médecins avaient évoqué des malformations dues à un facteur extérieur, ce qui l’a poussée à enquêter sur le sujet. Au fil des années, elle et son mari ont intensifié leurs efforts pour sensibiliser les scientifiques, les autorités sanitaires et les politiques aux dangers du glyphosate, appelant à la réalisation d’études complémentaires.
Des cas similaires ont commencé à émerger, en particulier en Argentine, où l’utilisation massive de glyphosate a suscité des préoccupations croissantes. Sabine souligne qu’une ligne de causalité a été établie dès 2011, soulignant le besoin impératif d’alerter le public sur les risques que présente ce pesticide très utilisé. Selon elle, il incombe aux pouvoirs publics de protéger les femmes enceintes, souvent inconscientes des dangers auxquels elles s’exposent.
Les Monsanto Papers et l’évolution du combat judiciaire
En 2015, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) a classé le désherbant Roundup comme cancérogène, un tournant majeur dans la lutte contre le glyphosate. Sabine se remémore le scepticisme initial et le fossé qu’il y avait entre la famille et les autorités. En 2017, l’affaire des Monsanto Papers a émergé, révélant des pratiques douteuses de la corporation. Théo, alors âgé de dix ans, a pris connaissance de cette affaire et a lié la responsabilité de son état à ces mensonges, ce qui a motivé la famille à déposer plainte contre Monsanto.
Cinq ans plus tard, un fonds d’indemnisation a reconnu que le handicap de Théo était lié à son exposition aux pesticides, une première victoire pour la famille. Cependant, la quête de reconnaissance de la responsabilité de l’entreprise continue. Pour Théo, ce procès est crucial non seulement pour lui-même, mais aussi pour tous ceux dont la voix n’a pas pu être entendue.
Engagement et avenir
Théo, conscient des implications de ce procès dans sa vie, exprime un mélange d’espoir et de pragmatisme. Bien qu’il sente que sa maladie ait compromis son enfance, il reste déterminé à chercher justice et à contribuer à une prise de conscience plus large. Il prévoit de témoigner lors du procès, ne visant qu’une chose : l’interdiction du glyphosate et la protection des enfants contre ses effets dévastateurs.
Pour sa mère, l’inquiétude demeure palpable. Elle souligne les défis constants que son fils continue d’affronter et reflète sa colère face à la récente décision de l’Union européenne d’autoriser encore une fois le glyphosate. Bien que ce procès puisse sembler être un pas vers la justice, elle sait que la lutte est loin d’être terminée.
Préparation au procès
Pour ce procès historique, la famille s’est préparée intensément, abordant ce défi comme un marathon. Leur dossier contient plus de 1 000 pages, et ils ont perdu du poids en raison du stress des années de préparation. Sabine et Théo sont conscients des attaques que pourrait subir leur argumentation, venant des défenseurs de l’industrie agro-alimentaire. Cependant, le soutien populaire qu’ils reçoivent leur donne la force de poursuivre leur combat, témoignant de leur détermination à ne pas abandonner, non seulement pour eux, mais pour les autres enfants à risque.