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Comment Dr. Dre et The Chronic ont Transformé le Hip-Hop pour Toujours
Le 15 décembre 1992, le rappeur Dr. Dre, de son vrai nom Andre Romelle Young, a sorti son premier album solo intitulé « The Chronic ». Ayant récemment quitté le groupe N.W.A., il a décidé de s’associer à Suge Knight pour fonder Death Row Records. Cette sortie solo a propulsé le label vers un succès immédiat, pourtant, son chemin n’a pas été sans embûches. Dans une interview de 1993, Dr. Dre confiait : « Je suis allé dans de nombreuses maisons de disques, j’ai même essayé d’obtenir un petit travail de production pour payer mon loyer et mes chaussures. Mais personne ne voulait prendre de risques sur moi. »
« The Chronic » est considéré comme un album ayant redéfini la musique hip-hop, en particulier avec le titre « Nuthin’ But a G Thang », qui a dominé le genre dans les années 90. L’album a atteint la troisième place du Billboard 200 et a valu à Dr. Dre son premier Grammy Award en 1993 pour la meilleure performance rap solo avec la chanson « Let Me Ride ». Des décennies après sa sortie, « The Chronic » demeure célébré comme l’un des albums les plus importants de l’histoire du hip-hop, ayant engendré de nombreux changements dans le genre.
Il a popularisé le G-funk
Avant la sortie de « The Chronic », la musique rap se caractérisait principalement par des beats agressifs accompagnant des paroles souvent violentes. Avec cet album, Dr. Dre a popularisé le sous-genre du hip-hop connu sous le nom de G-funk, qui intégrait des grooves, des samplings de morceaux funk des années 70 et des refrains attrayants pour un public plus large. Ce nouveau style est devenu emblématique du rap de la côte Ouest et était plus adapté à la diffusion à la radio, contrairement à d’autres formes de rap jugées trop controversées.
Barry Ashworth, membre du groupe anglais Dub Pistols, a décrit « The Chronic » comme un « moment déterminant qui a introduit le son du G-funk et changé à jamais la perception de la musique rap. C’est un classique intemporel ». Le rappeur Kanye West a également exprimé son opinion en affirmant que « The Chronic » est « la référence contre laquelle on mesure son album si l’on est sérieux ». D’autres artistes, comme Snoop Dogg, Coolio et Tupac, ont vu leur musique largement influencée par le G-funk.
The Chronic a fait de la musique rap de la côte Ouest un phénomène
Le rap de la côte Ouest est né à Los Angeles dans les années 1980 avec le DJ Alonzo Williams qui a formé le groupe World Class Wreckin’ Cru, dont Dr. Dre faisait partie. Bien que ce groupe soit considéré comme l’un des pionniers du rap de la côte Ouest, ce n’est qu’avec la sortie de « The Chronic » que le genre est devenu un véritable phénomène. « Nous étions tous des acteurs clés dans les premières étapes du hip-hop de la côte Ouest. Peut-être que j’étais le plus clé de tous », a déclaré Williams dans une interview.
La sortie de « The Chronic » a propulsé le hip-hop de la côte Ouest vers de nouveaux sommets, ce qui a permis au genre de dominer les ondes radio au milieu des années 90, ouvrant ainsi la voie à d’autres rappeurs pour entrer dans l’industrie musicale. À partir de là, de nombreux albums de hip-hop de la côte Ouest ont vu le jour, notamment « Regulate » de Warren G, « Me Against the World » et « All Eyez on Me » de Tupac, ainsi que « 40 Dayz & 40 Nightz » de Xzibit.
L’utilisation d’instruments en direct
Ce qui distingue « The Chronic » des autres albums de hip-hop, c’est l’utilisation d’instruments en direct, une pratique peu courante à l’époque. Dans une interview, Dr. Dre a expliqué que c’était l’une des raisons pour lesquelles les maisons de disques lui fermaient leurs portes. « Tout le monde me rejetait, disant que ce n’était pas du hip-hop ; vous utilisez des instruments en direct ». Cela l’a amené à douter de son travail. En fait, il n’était même pas sûr de ce qu’il faisait à ce moment-là et a demandé au rappeur Nate Dogg : « Est-ce que ça déchire ou pas ? »
Sa décision d’utiliser largement des instruments en direct a finalement été un succès, comme en témoigne l’héritage de « The Chronic ». Bien que le sampling fasse partie intégrante de la musique hip-hop, l’usage d’instruments en direct est aujourd’hui répandu. Le producteur de hip-hop, Dirty Dunnz, a d’ailleurs fait remarquer que l’utilisation de boucles et d’échantillons, par rapport à des instruments en direct, peut donner un son « non terminé » aux oreilles des auditeurs. « En tant que producteur, l’instrumentation en direct vous rend plus compétitif dans un monde rempli de producteurs de trap », a-t-il affirmé.
