Tara Polar Station : La nouvelle ISS du pôle Nord

par Olivier
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Tara Polar Station : La nouvelle ISS du pôle Nord
France

Imaginez douze personnes confinées dans un navire emprisonné dans la glace, plongées dans la nuit polaire constante au cœur de l’Arctique pendant six mois. Ce scénario n’est pas une intrigue de fiction, mais bien la réalité à bord de la Tara Polar Station, le nouveau navire d’exploration de la Fondation Tara. À compter de 2026, cette station flottante étudiera l’océan Arctique et sa biodiversité sur une période de vingt ans.

À bord, l’expérience vécue par l’équipage relèvera de celle des astronautes. Thomas Pesquet, parrain de la station, souligne que « ce qui sur Terre et sur mer se rapproche le plus de l’aventure spatiale, c’est ce que vous avez devant vous : Tara Polar Station ». Il rappelle les défis communs avec les missions spatiales : vivre dans un environnement extrême, affronter la difficulté de la cohabitation, la nécessité d’assurer des réparations cruciales et la gestion d’un milieu naturellement dangereux.

Ces analogies ont d’ailleurs convaincu la Fondation Tara Océan de surnommer ce projet « l’ISS du pôle Nord ».

Un environnement inhospitalier

Conçue pour être enfermée dans la glace et dériver avec elle, la Tara Polar Station a pour terrain d’exploration l’Arctique, l’unique océan polaire de la planète. Durant l’hiver, six scientifiques, quatre marins, un médecin et un journaliste composeront l’équipage, confrontés à des températures pouvant chuter jusqu’à -50 °C ainsi qu’à une obscurité quasi totale pendant six mois consécutifs. L’isolement est extrême, ce qui en fait « l’un des endroits les plus hostiles et isolés de la planète ».

Ces conditions évoquent l’environnement spatial de la Station spatiale internationale (ISS), nécessitant une autonomie totale. Chaque mission partira avec dix tonnes de nourriture, et une station de désalinisation capable de produire 300 litres d’eau potable par heure satisfera les besoins journaliers estimés à 1000 litres. Malgré la possibilité d’évacuation sanitaire, les secours restent très complexes à acheminer dans cette zone reculée et plongée dans la nuit polaire.

Confinement et polyvalence indispensables

Le confinement constitue un défi majeur pour l’équipage. Pendant huit mois, dont six en absence totale de lumière, les membres de la mission cohabiteront dans des espaces restreints, illustrant une réelle épreuve psychologique et sociale. La vie quotidienne reprend inlassablement le même rythme, sans possibilité d’« échapper » à la cellule commune.

La station accueillera jusqu’à dix-huit personnes pour des rotations de trois mois durant les périodes printanières et estivales. Chaque individu devra faire preuve d’une grande polyvalence. Les six scientifiques, en particulier, devront être multitâches pour assurer le suivi des protocoles, notamment pour ceux restés hors de la station. Les journalistes, marins et médecins sont également investis dans la maintenance du navire et la vie collective.

Sélection rigoureuse et formations spécifiques

Compte tenu des conditions extrêmes, une sélection stricte est appliquée pour constituer l’équipage. Différente de celle des astronautes mais néanmoins exigeante, elle inclut des évaluations médicales et psychologiques approfondies. L’objectif est de protéger chacun et garantir le bon déroulement des missions.

Une préparation intense précède chaque expédition, avec des formations spécifiques dédiées à la survie en milieu arctique. Les marins se préparent à faire face aux ours polaires, tandis que les scientifiques bénéficient d’entraînements dans une station canadienne. Le médecin, quant à lui, suit une formation particulière sur le grand froid aux côtés de spécialistes de Chamonix. Enfin, la cohésion du groupe — composé de personnalités et nationalités variées — est un point primordial pour assurer une communication harmonieuse et efficace.

Interactions entre science spatiale et océanique

Au-delà des conditions de vie comparables à celles des astronautes, le projet réunit scientifiquement les univers spatial et océanique. La Tara Polar Station vise à approfondir la connaissance de la biodiversité arctique, apportant des éclairages sur la possibilité d’existence de vie dans des environnements extrêmes semblables à ceux de certaines lunes glacées du système solaire, comme Europe, satellite de Jupiter.

Des outils technologiques, comme un spectromètre de masse miniaturisé destiné à être testé dans ce cadre extrême, pourraient à terme être embarqués sur des sondes spatiales. Par ailleurs, le Centre National d’Études Spatiales (Cnes) collabore étroitement sur la compréhension de l’impact des conditions extrêmes sur la physiologie humaine.

Thomas Pesquet, fervent soutien de l’initiative, encourage les missions de la Tara Polar Station tout en soulignant la nécessité de continuer à explorer l’espace mais aussi à mieux connaître la Terre et ses enjeux.

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