Le Farmer’s Almanac prédit la météo depuis 1818. Bien avant l’ère des présentateurs météo à la télévision, cet almanach était la référence pour les agriculteurs qui cherchaient à anticiper les conditions climatiques plusieurs mois à l’avance. Les éditeurs ont jalousement gardé le secret de leur méthode de prévision, opérant sans satellite ni animal totem. Sur leur site, ils évoquent une formule secrète dont une seule personne détient la clé : Caleb Weatherbee.
Tout comme d’autres secrets bien gardés, il paraît incroyable qu’un savoir aussi crucial pour anticiper le climat demeure confidentiel. Caleb Weatherbee n’est d’ailleurs pas un vrai nom, mais un pseudonyme destiné à préserver l’anonymat de celui – ou celle – qui applique la formule, à l’abri de la curiosité des concurrents.
L’entreprise insiste sur l’importance de garder à la fois la formule et l’identité réelle de Weatherbee top secret. Ce que l’on sait, c’est que cette méthode remonte à 1818 et a été élaborée par le premier rédacteur du Farmer’s Almanac, David Young. Elle repose sur une analyse d’activités astronomiques, telles que les taches solaires, les mouvements de la Lune, la position des planètes, ainsi que d’autres facteurs restés confidentiels.
Au fil du temps, la formule a évolué depuis son origine au XIXe siècle. Toutefois, les éditeurs affirment leur confiance dans l’interprétation de Weatherbee, car c’est une méthode éprouvée qui leur permet de publier ces prévisions météo depuis deux siècles, bien plus longtemps que le National Weather Service, fondé cinquante ans après.
Caleb Weatherbee n’est pas un être immortel qui vivrait depuis plus de deux cents ans pour annoncer des hivers rigoureux. Comme il s’agit d’un pseudonyme, plusieurs individus ont incarné ce rôle successivement. Selon le magazine Mental Floss, sept personnes ont été chargées de ce secret depuis la création de l’almanach.
Le Farmer’s Almanac assure que Weatherbee est bel et bien une personne réelle. L’actuel détenteur du secret exerce depuis vingt-cinq ans et devrait le faire à vie. Sandi Duncan, rédactrice en chef, raconte qu’un « alignement spécial des astres » a marqué la nomination de ce Weatherbee, qui a été choisi pour sa passion autant pour la météo que pour l’almanach. Duncan, qui travaille avec l’almanach depuis deux décennies, n’est toutefois pas Weatherbee, et ne connaît pas la formule secrète.
Pour devenir un jour Caleb Weatherbee, il faut aimer déchiffrer le climat, au-delà des données radar et satellites, et comprendre une formule réputée parfois plus précise que certains modèles informatiques. Le Farmer’s Almanac publie ses prévisions au moins 16 mois à l’avance et ne revient jamais sur ses annonces, témoignant ainsi de la confiance accordée à Weatherbee.
Du point de vue des météorologues professionnels, le Farmer’s Almanac n’est pas aussi fiable que certains le croient. Néanmoins, les fidèles lecteurs affirment que ses prévisions sont justes entre 80 % et 85 % du temps, selon Georgetown View. Les experts, eux, avancent un taux de précision plus proche de 30 %.
Une analyse menée par Penn State News souligne que les scientifiques estiment quasiment impossible de prédire la météo aussi longtemps à l’avance. Aucun procédé officiellement reconnu ne permet de le faire avec certitude. Un météorologue ajoute cependant qu’en révélant leur formule, le Farmer’s Almanac permettrait de mieux comprendre pourquoi sa méthode semble fonctionner pour beaucoup. De plus, les prévisions, souvent rédigées de manière imprécise, par exemple « une semaine ensoleillée et fraîche », évitent d’indiquer des jours précis, rendant leur analyse plus souple.
Prédire la météo avec si longue échéance, ou même simplement à une semaine, reste un défi à cause des changements brusques et des phénomènes météorologiques imprévisibles. Pourtant, être la seule personne à détenir la formule magique pour deviner les pluies est un honneur considérable. Chapeau bas, donc, à Caleb Weatherbee. À moins bien sûr que la pluie ne commence bientôt.